« Le début de la trêve coïncidera avec l'Aïd El-Adha, dans la nuit de dimanche à lundi, a précisé Kerry, qui s'exprimait aux côtés de son homologue russe, Sergueï Lavrov, au terme d'une journée marathon de négociations à Genève. « Les Etats-Unis et la Russie annoncent un plan qui, nous l'espérons, permettra de réduire la violence » et d'ouvrir la voie « à une paix négociée et à une transition politique en Syrie », a déclaré Kerry. Le plan russo-américain « permet de mettre en place une coordination efficace pour lutter contre le terrorisme, avant tout à Alep, et permet de renforcer le cessez-le-feu. Tout cela crée les conditions pour un retour au processus politique », a détaillé Lavrov. Si cette trêve dure « une semaine », les forces américaines accepteront de collaborer en Syrie avec l'armée russe, a indiqué Kerry. Cette coopération était réclamée de longue date par Moscou, alors que les Etats-Unis et la Russie soutiennent des camps opposés dans ce conflit qui a fait plus de 290.000 morts depuis 2011. « Les Etats-Unis acceptent de faire un pas supplémentaire car nous pensons que la Russie et mon collègue (allusion faite à Sergueï Lavrov) ont la capacité de faire pression sur le régime (du président syrien) Assad pour mettre fin à ce conflit et venir à la table des négociations », a précisé le chef de la diplomatie américaine. Lavrov a toutefois reconnu qu'il n'était pas en mesure de garantir « à 100% » la réussite de ce nouveau plan, alors qu'une précédente initiative russo-américaine, approuvée par les Nations unies en février, avait fait long feu. Lavrov a annoncé la création d'un « centre conjoint » russo-américain destiné à coordonner ces frappes, « dans lequel des militaires et des représentants des services secrets russes et américains s'occuperont des questions pratiques : distinguer les terroristes de l'opposition modérée et différencier l'opposition modérée des terroristes ». De source diplomatique, on indique que Moscou « a mis au courant le gouvernement syrien de cet accord et il est prêt à le respecter ». Hier, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, s'est félicité de cet accord, appelant « toutes les parties du conflit, en Syrie et dans la région », à cesser le combat. L'accord prouve que Russes et Américains ont pu trouver un terrain d'entente malgré de profonds différends dans leur approche du conflit qui a fait plus de 290.000 morts et poussé à l'exode des millions de personnes depuis mars 2011. Alep, la grande ville du Nord, connaît une situation humanitaire effroyable. Le secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires humanitaires, Stephen O'Brien, a déclaré que les besoins de la population syrienne « se sont accrus » au cours des dernières semaines, à l'issue d'une réunion du groupe de travail sur l'accès humanitaire en Syrie. Il a rappelé la nécessité d'avoir « un accès humanitaire total » auprès des Syriens dans le besoin. Le chef de l'humanitaire de l'ONU a souligné que la situation actuelle dans l'est d'Alep restait très grave, « au point d'être de facto une situation de siège ». Selon lui, l'ONU est prête à fournir cette assistance dès qu'elle reçoit le feu vert. « Des plans détaillés sont en place », a-t-il dit.