Des peaux de moutons étalées par terre. Cependant, la situation est moins dramatique que durant les fêtes précédentes, selon l'entreprise Extranet. Une prise de conscience a été enregistrée dans certains quartiers, a signalé le directeur de cette entreprise, Rachid Nechab. Un chiffre record de déchets a été collecté en trois jours. Plus de 8.000 tonnes. Egorgement dans les abribus Et les balcons Des citoyens ont procédé au sacrifice dans tous les espaces, même sous un arbre, sans nettoyer le lieu, a commenté un retraité à Alger-Centre, en montrant un amoncellement de déchets au niveau de la rue de la Liberté, au milieu des immeubles, à quelques mètres du tribunal de Sidi M'hamed. Le trottoir est jonché d'ordures. Des odeurs nauséabondes se dégageaient de ce dépotoir de fortune alors que les îlots débordaient, a-t-on constaté. Malgré la forte mobilisation des agents chargés de la collecte des détritus, la capitale ressemble durant l'Aïd à une décharge publique à ciel ouvert. Des ordures ménagères se sont amoncelées sur les trottoirs, devant les commerces fermés, à l'entrée des immeubles. Un décor triste et désolant. Des espaces qui reçoivent du public, notamment les abribus, ont été envahis par les déchets des moutons. Aux Eucalyptus, l'arrêt de bus du centre-ville est devenu un vrai dépotoir en cette troisième journée de l'Aïd. Les voyageurs devaient composer avec cette incommodité en attendant l'arrivée de l'autocar. Des odeurs fétides se répandaient. Malika, une habitante du quartier, qui devait rallier El Harrach, s'est dite outrée par cette situation. « Les agents de nettoyage sont passés l'après-midi le deuxième jour de l'Aïd, mais ils procèdent au ramassage seulement. Ils ne nettoient pas les lieux convenablement, d'où l'origine des mauvaises odeurs, aggravées par la chaleur, notamment la nuit », a-t-elle déploré. Notre interlocutrice a soulevé le manque d'incivisme aussi chez le citoyen. « Ce n'est pas logique d'égorger un mouton dans un abribus et d'abandonner les déchets sur les trottoirs. » Même constat à la rue Mohamed-Belouizdad (ex-Belcourt), où les déchets étaient jetés partout notamment sur la voie publique. De pareilles scènes sont enregistrées au boulevard des Martyrs, un quartier huppé de la capitale. « Je n'ai pas pu supporter les mauvaises odeurs. D'ailleurs, le chauffeur de taxi nous a recommandé de fermer les vitres, c'est honteux parce qu'il s'agit non seulement d'incivisme mais de manque d'éducation », a-t-elle regretté. Au nouveau du quartier de Sidi Youcef, dans la commune de Béni Messous, la situation est plus dramatique. « Personne n'a osé nettoyer. Les habitants attendent l'intervention de l'APC. C'est désolant avec cette mentalité d'assistanat. J'ai dû fermer les fenêtres à cause des mauvaises odeurs », s'est emportée Samira. Sacrifier dans les baignoires et les aires de jeux Idem à Belouizdad et Alger-Centre. Des habitants ont égorgé leurs moutons sur les terrasses des immeubles, dans les cages d'escalier. « Aucun habitant n'a jugé nécessaire de nettoyer son palier ou les escaliers. Regardez mes chaussures sales », dira une jeune enseignante. Un médecin, choqué par les taches de sang sur la porte de son cabinet et la dégradation de l'immeuble, dira indigné : « C'est grave, nous sommes sales, très sales même, et irrespectueux de la vie collective. » « Après l'Aïd, j'ai découvert du sang dans les toilettes. C'est que le voisin de l'étage a égorgé son mouton dans la salle de bain et l'a exposé au balcon. Quand je lui ai fait la remarque, il m'a traité de jaloux ! » Les aires de jeux dans les nouveaux quartiers sont devenues des abattoirs. Les traces de sang étaient toujours là, dans l'indifférence des habitants. Du bouzellouf à la poubelle La mission des agents d'hygiène n'était pas facile notamment avec le manque de civisme de certains citoyens. Selon le directeur général d'Extranet, Rachid Mechab, ses agents ont accompli leur mission et plus de 98% des objectifs tracés ont été atteints. Pour preuve, 8.222 tonnes de déchets ont été collectées par les agents d'Extranet la veille et durant les deux jours de l'Aïd El Adha. « 5.000 agents ont été mobilisés, soit 85% de l'effectif, ainsi que 350 véhicules tout-terrain pour couvrir les communes relevant de notre compétence, notamment Zéralda, Staouéli, Hamdania, Ouled Chebel, Bab Ezzouar, Heuraoua », a-t-il précisé dans une déclaration à Horizons. Le dispositif spécial a été adapté selon la spécificité des ordures. « Il s'agit des ordures animalières qui doivent être ramassées dans les plus brefs délais, notamment en cette période de chaleur. C'est pourquoi, on a augmenté le nombre de rotations. Le plan mis en œuvre reposait essentiellement sur la sensibilisation, l'organisation et la mobilisation », a fait savoir le responsable qui a révélé que les camions de ramassage sont dotés de puces qui permettent leur géolocalisation. « Nous avons introduit des techniques scientifiques pour l'amélioration du service de ramassage et de collecte des ordures », a ajouté notre interlocuteur. Par ailleurs, le DG d'Extranet a enregistré une prise de conscience chez des citoyens en matière d'hygiène dans certaines localités comme Aïn Taya et Réghaïa. « Certes, certains citoyens ont fait preuve d'incivisme, mais beaucoup ont respecté les règles d'hygiène. Ce qui a facilité la tâche à nos agents », a-t-il soutenu. Par ailleurs, le responsable a déploré le rejet des peaux de mouton que « devraient normalement récupérer l'industrie du cuir », a-t-il regretté. Les peaux sont devenues, ces dernières années, un « déchet encombrant » pour de nombreuses familles. Les agents d'Extranet ont même ramassé des têtes et des pieds de mouton.