La question qui se pose est la suivante : pourquoi une telle dépense d'énergie à un moment justement où l'Algérie a besoin plus que jamais d'avoir les coudées franches pour tenir ses promesses économiques ? e printemps approche. Il doit, comme de coutume, entrer en vigueur le 21 du mois courant. Si tout se passe bien, nous aurons la chance de voir les parfums de la nature qu'il va réveiller, se liguer contre les miasmes et chasser instantanément les odeurs douteuses accumulées durant la froidure. Cette perspective c'est celle que nous préférons sauf si les vœux de M. Rachid Benaïssa étaient d'ici-là exaucés, lui qui, récemment, a demandé un rab de pluie en avril et en mai prochain pour accompagner les jeunes pousses dans leur croissance. En attendant si tout va bien va et à moins de 20 jours de distance, le rituel d'Hésiode renaîtra de nouveau pour chanter le miracle de l'agriculture qui, d'une année à l'autre, sans jamais faillir à ses promesses, explosera de sèves nourricières pour couvrir gracieusement les besoins de l'espèce humaine en produits comestibles et en senteurs odoriférantes. Par conséquent, bienvenue au printemps 2011. Bon vieux mois de mars ! On exulte d'ores et déjà en anticipant ses promesses avant même qu'il ne reprenne possession de ses marques. Je vous le disais encore le mois dernier, l'Algérie est un pays fascinant. On peut tout y faire. Nager au bord de ses plages fabuleuses l'été, organiser des randonnées en montagne l'automne- il suffit de vouloir- faire de la glisse en hiver, de la méditation tout le temps sans oublier la recherche anthropologique qu'offre aux curieux le Tassili N'ajers ou le Hoggar où il est loisible pour tout un chacun de redécouvrir des pans entiers de notre histoire millénaire. Pourtant ce beau et si attrayant pays, si aimé de sa population, n'a pas coulé que des jours heureux tout au long de son histoire. La guigne le poursuit même dans les moments, comme aujourd'hui, où il est sur le point de rétablir définitivement la «paix» intérieure». Causes de ses inquiétudes ? Des phénomènes inattendus ont surgi comme par hasard et selon un timing relevant du plus pur des machiavélismes. Quel est le but de ces grandes manœuvres ? Empêcher l'Algérie d'accéder au rang de pays «émergent» économiquement. Vous y comprenez quelque chose, vous ? Bien sûr et l'évidence de la manœuvre est frappante. QUEL BUT POUR CES GRANDES MANŒUVRES ? Les marches et les slogans choisis pour ébranler la sérénité du citoyen lambda, le harcèlement hargneux de la presse privée contre le gouvernement, la montée en épingle de débrayages qui, en temps normal, auraient tout juste bénéficié d'un traitement de brève dans une rédaction de journal. Tout cela n'a rien d'innocent. Rien n'est superflu dans ce plan, tout est bon pour faire croire aux opinions étrangères et, particulièrement française, que le «chaos» qui est développé tous les jours par certain quotidiens algériens n'est pas, loin s'en faut, une vue de l'esprit. Bien au contraire ! C'est la manière «originale» qu'ont inventée «nos journaux» pour appeler leurs homologues de l'ancienne «mère patrie» à l'aide pour perpétuer le malaise dont ils ont commencé à semer les graines il y a quelques semaines. Une pression qui va durer jusqu'à ce que désenchantés, voire déboussolés par l'intox, les citoyens de notre beau pays abdiquent en aliénant leur sérénité pour ensuite sombrer dans l'anarchie. C'est à l'évidence le vœu intime des apprentis sorciers de ce début du 21ème siècle. Pourquoi et à quoi servirait cette insidieuse tentative de subversion ? Si vous projetez d'aller chercher la réponse auprès des mêmes ou de leurs semblables, on vous répondra qu'avant de prétendre à un taux de croissance à deux chiffres, l'Algérie qui est en voie d'y parvenir, doit d'abord instaurer la démocratie et l'Etat de droit comme si à ce jour l'Etat n'y avait jamais existé. Mais le plus déplorable et le plus touchant dans l'affaire, c'est encore d'entendre des avocats affiliés apparemment au caractère chtonien de cette mouvance, nous seriner inlassablement des doses indigestes sur l'Etat de droit tant l'origine de leur théorie se confond avec celle du «copier coller». La question qui se pose est la suivante : pourquoi une telle dépense d'énergie à un moment justement où l'Algérie a besoin plus que jamais d'avoir les coudées franches pour tenir ses promesses économiques ? Il y a quelques années à Lahore, à la faveur d'une session extraordinaire de l'Organisation de la conférence Islamique, Houari Boumediene, dans une intervention inattendue et qui fit l'effet d'une bombe, avait déclaré en substance à propos de l'éligibilité au paradis céleste : «peut-on concevoir sans remords que l'homme puisse entrer au paradis le ventre vide» ? Ce fut concis mais révolutionnaire et troublant à la fois ! La même problématique nous est posée, aujourd'hui, par les théoriciens des marches du samedi avec, évidemment, une option sans alternative. Ils veulent en résumé que l'Algérie devienne le parangon de la démocratie en Afrique se soucier outre mesure comme elle le fait aujourd'hui, sans chercher à améliorer le bien-être de ses populations. Est-il possible qu'une telle option soit viable ? Eh bien non ! Pourquoi ? Parce que l'expérience a déjà été tentée sur notre continent au début des indépendances des nations subsahariennes. L'ALIENATION NE CONNAÎT PAS DE LIMITES La première expérimentation du genre s'était déroulée en Côte d'Ivoire, au moment ou Houphouët Boigny, propulsé président de la république, avait pris la malencontreuse initiative de d'adopter, en fait de «plaquer», c'est le mot qui sied le mieux, la constitution de la 5ème république française à son propre pays. Ne faisons pas la fine bouche à propos du texte de cette constitution parce qu'il recèle la philosophie et tous les mécanismes en vue de renforcer son application en France, pas en Côte-d'Ivoire où les structures sociales et la sociologie, au début des années 60, s'appuyaient sur le tribalisme. Houphouët Boigny s'était-il pour autant inquiété? Bien au contraire. Malgré les appels à l'aide d'une «opposition» encouragée dans sa crédulité par des hommes comme Foccart, l'espion préféré de De Gaulle en Afrique, Boigny ne cherchera pas à proposer à son peuple une Constitution différente, un document mieux adapté à la mentalité, aux mœurs et à la sociologie de son pays. Il mourra en laissant les caisses de son pays vides pour cause de dépenses somptuaires prélevées d'autorité pour se construire une cathédrale à Yamoussoukro, un édifice ressemblant comme deux gouttes d'eau à Notre Dame de Paris. Comme quoi l'aliénation quand elle s'y met, ne connaît pas de limite. Ce n'est pas pour autant que la mort de Houphouët ait été bénéfique aux Ivoiriens, si tant que la mort puisse l'être un jour, les révoltes ont continué de sévir en dépit d'une constitution, toujours la même qui, par ailleurs, convient plus particulièrement aux Français. Ceci étant dit, encore faut-il être convaincu qu'une constitution, quels que soient les fondements qui lui servent d'assise théorique, n'est jamais à l'abri d'une fausse manœuvre. Ce qu'il convient de retenir c'est simplement qu'elle n'est pas interchangeable. Il en est de même pour nos «marcheurs du samedi» qui doivent méditer plus avant sur la démocratie pour savoir qu'une démocratie pour la construction de laquelle on ne prend pas suffisamment de temps, est condamnée à terme à péricliter, dut-elle avoir été inspirée par «tous ces personnage flous qui ne veulent que du bien à l'Algérie» et qui continuent à installer leurs collets aux abords de la rive de gauche parisienne pour piéger les gogos. En composant ce papier, je me suis délesté d'une pensée à l'initiative du FFS dont le président, vivant dans un pays aussi policé que la Suisse, a préféré réunir ses militants dans une salle de spectacles d'Alger pour éviter d'être identifié à ces casseurs de boutiques qui encadrent les marcheurs à chacune de leurs tentatives.