On peut raconter l'histoire d'Alger de différentes manières. Mais, par souci académique, c'est aux historiens comme Smaïl Touati, docteur en histoire à la Sorbonne, à Paris, qu'on prête le plus d'attention. Spécialiste de la période ottomane en Algérie, l'universitaire a animé, samedi dernier, une conférence sur l'historie de la Vieille Médina durant le XVIe siècle, organisée conjointement par l'association Lion Club Alger — qui fête ses 100 ans —, l'Association algérienne de sauvegarde et protection du patrimoine archéologique et le site web et magazine, Babzman. Dans son exposé, l'universitaire est remonté jusqu'à l'ère punique, où les Phéniciens, après y avoir établi des comptoirs commerciaux, lui donnèrent le nom d'Ikosim (Ile des Mouettes). Selon lui, « Alger était alors loin de rivaliser avec les ports d'Annaba, de Bejaïa, de Collo, de Dellys ou de Ténès ». C'est à l'époque romaine que la cité, rebaptisée Icosium, grandit, mais demeure loin derrière la proche Césaria, Cherchell, capitale par excellence. Plus tard, le prince ziride Bologhine fera d'elle une grande forteresse avant la venue, cinq siècles avant, des Frères Barberousse. Sous tutelle ottomane, Alger des Beni Mezghenna, qui fête, selon lui, ses 500 ans comme capitale, connut, durant le XVIe siècle un rayonnement sur pratiquement tous les plans. Militairement, la ville était inexpugnable et sa force maritime dissuadait les desseins des puissances européennes cherchant à dominer la Méditerranée. Sur le plan économique, les souks de la ville étaient une plaque tournante du commerce régional. Alger donnait surtout au monde un exemple d'ouverture et de tolérance. Le vivre-ensemble était le maître mot des Algérois, des autochtones berbères (Beldis), des Andalous, des Turcs, des kouloughlis, des juifs, chrétiens, esclaves, captifs. La cité fut un microcosme original. Plusieurs langues y étaient parlées : le tamazight, l'arabe dialectal, le turc, le grec, l'espagnol, le portugais... Alger, au XVIe siècle, selon l'historien, comptait 12.200 maisons et une population de 80.000 âmes.