L'Union nationale des transporteurs algériens (Unat) et l'Union nationale des chauffeurs de taxi (UNCT) ont réagi, hier, aux nouvelles dispositions régissant l'activité de chauffeur de taxi, publiées le 31 octobre dernier au Journal officiel. Selon ces organisations, il faut d'abord assainir la situation de la corporation « qui active dans une anarchie totale » pour pouvoir appliquer ces nouvelles mesures contenues dans le décret, notamment son article 24. Parmi ces nouvelles dispositions, on note les examens médicaux périodiques que doivent subir les chauffeurs de taxi âgé de 55 ans et plus, la tenue vestimentaire appropriée à l'exercice du métier de chauffeur de taxi, le respect et l'affichage à bord du véhicule des tarifs en vigueur, la mise en marche du taximètre dès le début de la course en cas de taxi individuel, la permanence de nuit et les jours fériés à proximité des infrastructures d'accueil et de traitement des voyageurs (aéroports, ports, gares routières et ferroviaires). Les nouvelles mesures obligent aussi les sociétés de taxis de disposer d'une aire dédiée à l'entretien de leurs véhicules. Cette aire sera « d'une surface de 5 m2 par véhicule » et doit « répondre aux règles d'hygiène et de sécurité » en vigueur. Selon Aziouez Boukerrou, président de l'UNCT, il est difficile de faire appliquer cette nouvelle réglementation car la corporation s'est « clochardisée » depuis longtemps. Notre interlocuteur considère que les pouvoirs publics ont laissé faire, en ouvrant grandes les portes à des personnes qui ne jurent que par l'argent. « Aujourd'hui, l'assainissement de la corporation devient incontrôlable vu le grand nombre de chauffeurs de taxi en activité, dont 20.000 rien qu'à Alger », explique Boukerrou. Ce dernier tient, par ailleurs, à dénoncer les conditions d'attribution des autorisations d'exercer le métier de chauffeur de taxi par la commission au niveau des directions des transports. Le président de l'UNCT explique aussi qu'il est difficile de remédier à la situation en raison de la présence de repris de justice et de clandestins convertis en chauffeurs, mais qui ont toujours « l'esprit de la clandestinité ». « A titre d'exemple, Alger n'a besoin que de 8.000 chauffeurs de taxi. Ce nombre a plus que doublé sans que le service soit amélioré. Les taxis ressemblent à des poulaillers, des chauffeurs activent en tenue négligée, au comportement agressif et sans aucun respect des clients. Nous avons atteint des sommités dans la médiocrité », dénonce Aziouez Boukerrou qui estime que sur les 198 stations de taxi que compte Alger, il ne reste que deux seulement. Une situation qui pénalise les professionnels, pris entre le marteau et l'enclume. Entre le policier qui veille à assurer la fluidité de la circulation routière en empêchant les taxis de stationner ou de marquer un arrêt et l'exigence du client qui veut descendre à l'endroit qui lui convient. Selon le syndicaliste, aujourd'hui, les chauffeurs de taxi corrects et consciencieux travaillent dans la discrétion. Ils activent tôt le matin ou tard dans la soirée pour ne pas être confondus avec « les délinquants » qui ont « infesté » la profession.