Photo : Fouad S. «Le changement du système est aujourd'hui une grande question nationale. Il faut l'aborder et le traiter avec franchise et transparence». C'est en ces termes que l'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, a entamé sa conférence-débat, hier, au siège de FFS. Cette question, selon lui, « mérite d'être posée de manière objective, globale et profonde, loin des surenchères verbales et de complaisance ou suivisme ». S'exprimant sur le système du gouvernement, installé à l'indépendance, il est fondé, selon le conférencier, sur une analyse erronée des exigences de la phase de construction de l'Etat national. M. Mehri dira que « certains dirigeants de la révolution avaient opté, dans le contexte de la crise que le pays a connue en 1962, pour une conception politique d'exclusion pour faire face à la phase de construction plutôt qu'une stratégie de rassemblement énoncée dans la déclaration du 1er novembre 1954 ». Selon ses propos, l'exclusion est devenue, par la suite, le trait dominant de la gestion politique et de la manière de traiter les divergences d'opinion même au sein de certains partis dits d'opposition. M. Mehri précise que la revendication d'un changement de régime « n'est pas dirigée contre une personne, un parti, une institution ou une génération précise. Ce n'est pas, non plus, une opposition à ceux qui assument les responsabilités de pouvoir ou un règlement de compte personnel avec quiconque ». Pourquoi cette lettre a-t-elle été adressée au président de la République et non au peuple ? L'ancien numéro un du FLN aura cette réponse : « au nom de quoi ai-je le droit de m'adresser au peuple algérien et si la lettre a été adressée au président de la République par égard dû à la fonction, le changement pacifique du système politique qui répond aux réelles aspirations du peuple, ne peut être, de mon point de vue, que le résultat des efforts conjugués de toutes les forces politiques et des compétences populaires ». Questionné sur la rencontre qu'il aurait eue avec le président de la République après la publication de la lettre, M. Mehri dira : « Je n'ai pas rencontré Bouteflika. Si cette audience aura lieu, cela ne se fera que dans le cadre d'une consultation générale qui ne me concerne pas uniquement. Si cela sera possible, je souhaite que tout se fera publiquement ». Des échos ? « Jusqu'à maintenant, il n'y a aucun indice sur une réponse au contenu de cette lettre. Et lorsqu'une réponse sera donnée, je m'engage à ce que l'information soit connue de tous. Des questions d'une telle importance pour l'ensemble de la population ne peuvent être traitées dans des cercles restreints », a-t-il souligné.