Chanter beau, simple et juste. Telle est, visiblement, le souci de Zahia Benzengli, brillante interprète de musique andalouse. Peu de temps après la sortie de son premier album Florilège andalou, l'ancienne sociétaire de l'Association des beaux-arts d'Alger a donné, jeudi dernier au soir, un récital à la salle Ibn Zeydoun à Alger (Oref). Une occasion parfaite - c'est sa première véritable prestation en solo - pour dérouler son savoir-faire, notamment dans le classique. Très à cheval et sur le chant et sur l'instrument, elle donne de la voix à une belle nouba rasd. Soit l'une des vingt-quatre compositions lyriques qui composent le genre andalou au sens rigoureux du terme. De sa belle voix douce et veloutée, elle entame son sujet par un succulent inkilab « Ya kaoum ma wajadtou sabra » dans le mode raml el maya magistralement exécuté par un orchestre formé d'une armada de jeunes musiciens, parmi lesquels ses deux enfants, la fille au luth et le petit jeune au piano, au titre de chef. S'en est suivi un btaïhi « Moudbadet chams el mouhaya » tiré du prestigieux corpus des mouachahate. On est dans le cœur même de la nouba. Puis un derdj « Mali lghamam » et deux insirafate « Baha stibari », « El Hawa » et « Del ouchak » dont la parfaite maîtrise renseigne sur les capacités de cette interprète qui, tenez-vous bien, est venue à la musique à... 37 ans ! En face, un public, réputé pour son ouïe fine, réagit à coups de standing ovations. Y compris durant la seconde partie du spectacle consacrée aux deux genres dérivés de la nouba, à savoir lâaroubi et le hawzi. Dans le premier, elle chante « Ya hmam », un célèbre texte du melhoun écrit par le grand barde Mustapha Belkbabti. Une qacida très chère au regretté Cheikh El Hachemi Guerouabi qui l'a, tout simplement, estampillée. Le talent fut autant exprimé dans une autre grosse pièce du hawzi, « Fel Mnam ya Siad », chantée par les plus grands maîtres du genre, tel feu Dahmane Ben Achour au premier chef. Le reste de la soirée a été par ailleurs dédié à quelques morceaux hautement mélodieux dont une belle et poignante valse « Leitaha ta3ou » qu'elle a personnellement composée. En un mot comme en cent, Meriem Benzengli, si elle est venue tardivement sur le devant de la scène, nul ne doute qu'elle ne la quittera jamais plus.