Photo : Lylia M. La moudjahida Louisa Ighil Ahriz a assuré, hier, lors d'une conférence organisée à l'initiative du Haut commissariat du festival du film amazigh à l'occasion du 19 mars, qu'elle détient la preuve sur les tortures que Larbi Ben M'hidi avait subies. «Contrairement à ce que croient beaucoup de gens, Ben M'hidi a bel et bien était torturé à mort par quatre tortionnaires. La preuve m'est parvenue dans un document que Raymond Cloiret m'a envoyé. C'était l'un des tortionnaires qui avait reconnu avoir torturé des Algériens durant la guerre de Libération et vu les détails qu'il m'a fournis dans le document sur les tortures endurées par Ben M'hidi, je suppose qu'il était présent lors de ces séances de torture», fait-elle savoir. D'ailleurs, ajoute-t-elle, si l'Algérie dépose aujourd'hui plainte contre lui au Tribunal pénal international, Raymond Cloiret se dit prêt à témoigner et à proclamer sa culpabilité. Pour sa part, Mohamed Ben Salah, écrivain, enseignant et chercheur, déplore la destruction dont a fait l'objet, récemment, la maison de Ben M'hidi à Biskra. «C'est vraiment regrettable que des empreintes aussi tangibles de Ben M'hidi soient effacées de cette maison. C'est quand même la maison de Ben M'hidi», déplore-t-il. Dans cette même conférence, préambule de ce festival, la Révolution algérienne est ré-exposée. L'ancien moudjahid, Youcef El Khatib, a, en effet, brassé les plus importants événements ayant marqué la Révolution algérienne de 1954 jusqu'au 19 mars 1962. Au passage, il rend un grand hommage à Abane Ramdane qui a réussi à unifier le peuple algérien. «Il est derrière l'une des plus importantes rencontres dans l'histoire algérienne, à savoir le Congrès de la Soummam et plus tard, les Accords d'Evian. Le 19 mars est l'aboutissement de tous les sacrifices et efforts consentis par les enfants de l'Algérie. C'est à ce moment-là que la France coloniale et malgré toute sa puissance, s'était rendu compte qu'elle ne pouvait rien contre le peuple», dit-il. Et aujourd'hui, reprend Louisa Ighil Ahriz, alors que nous sommes libres et indépendants, on nous traite encore comme si nous étions toujours des indigènes. «On nous prend pour des ignorants. L'ancienne ministre de la Défense française est venue en Algérie en exhibant la cartographie des mines comme si nous ne savions pas que ces mines ont dû changer de place depuis. Ne savait-elle pas que nous savons que la terre bouge constamment, déplaçant ainsi par ses mouvements les mines enfouies dans ses entrailles ?», s'indigne-t-elle. Par ailleurs, pour répondre à la problématique posée lors de cette conférence par les organisateurs du festival du film amazigh, relative notamment au rôle de l'image dans la Révolution algérienne, Mme Ighil Ahriz a affirmé que l'image a été la porte-parole et l'ambassadrice de la cause algérienne à l'étranger. «Quelques documentaires ont été tournés au maquis dont l'un a été projeté à l'ONU. Ces images, authentiques, en disaient long sur les méfaits de la France coloniale. Ces images-là sont celles de la mémoire de l'histoire algérienne qui ont rendu la nation immortelle», estime-t-elle.