« Il est temps pour nous de nous imposer sur la scène internationale comme une entité forte qu'il est impossible de négliger au plan politique et économique », a-t-il souligné lors de son allocution à l'ouverture du Forum africain d'investissements et d'affaires qui s'est ouvert hier au CIC d'Alger. Sellal a relevé la « faiblesse » du commerce interne dans la région étant donné que l'échange commercial intra-régional ne dépasse pas les 12% alors qu'il est de 40% en Amérique du Nord et de 60% en Europe. Les exportations hors Afrique sont de l'ordre de 82%, a encore indiqué le Premier ministre qui impute cette situation à « la complexité des règles commerciales et à la dégradation des infrastructures ». Ces échanges, a encore regretté le Premier ministre, « n'ont pas connu une progression ces dix dernières années en dépit du fait que le taux de croissance a atteint 5% durant la même période ». « Il y a un déséquilibre et des extractions difficiles à équilibrer », a déploré Sellal, précisant que le fait que l'Afrique consomme ce qu'elle ne produit pas constitue le point faible du continent, d'où « la nécessité de renverser cette équation ». Face à la prolifération du terrorisme, de l'émigration, « nous sommes tenus de nous concentrer sur les racines du mal de cette terre qui est le berceau de l'humanité et de la civilisation », a indiqué Sellal. « L'Afrique est le continent de l'avenir et celui des opportunités. Nous Africains, nous sommes tenus de parler de nous-mêmes avant de compter sur le soutien des autres envers nous », a-t-il encore ajouté. Pour atteindre cette « transformation radicale », l'Afrique doit exploiter « ses propres ressources » qui lui permettent de faire un saut vers la progression. « Nous devons écarter les idées reçues et préétablies selon lesquelles l'Afrique est un réservoir de ressources naturelles », a-t-il dit, précisant que « l'Afrique a entamé son parcours et décidera de son destin en fonction de ses capacités stratégiques ». Outre la poursuite de la lutte contre la pauvreté, Sellal a appelé les pays africains à réduire les effets de certains facteurs qui coûtent cher à l'économie africaine et affectent la productivité. « Il est question pour nous de bâtir une économie plus résistante et d'atteindre les objectifs de développement », a-t-il encore indiqué. Le développement dans l'entrepreneuriat et la coopération L'exploitation des ressources énergétiques, même avec la hausse des prix des hydrocarbures, ne suffira pas à répondre aux besoins de la population du continent, a fait remarquer Sellal, appelant les pays à « chercher le développement en Afrique dans le domaine de l'entrepreneuriat et de la coopération gagnante ». L'unification des lois et l'assainissement des infrastructures de base sont les solutions recommandées par le Premier ministre. Il est question également de « mettre en place de nouvelles formes de coopération basées sur l'intérêt commun ». Le Premier ministre est revenu sur la contribution de l'Algérie à cette édification à travers la réalisation d'importants projets à l'instar du grand port du Centre-Alger (Cherchell) qui « va contribuer à réduire le délais de traitement des exportations de l'Europe vers le Moyen-Orient », a-t-il souligné. La numérisation, l'environnement et l'énergie sont des conditions essentielles pour le développement, et l'Algérie enregistre, dans ces domaines, un taux de couverture dépassant les 95%. « Nous aspirons à échanger cette expérience avec les pays du continent », a-t-il dit. En Algérie, le développement de l'entrepreneuriat a été fait grâce à un accord commun entre les pouvoirs publics, les opérateurs économiques et le partenaire social à travers la conclusion d'un pacte économique et social de croissance, lequel « a renforcé la cohésion et défini le cadre de notre intervention pour le développement de l'économie et la création de valeur ajoutée », a souligné le Premier ministre. Les efforts se poursuivent pour « la facilitation des règles, l'encouragement de l'investissement, l'amélioration du climat d'entreprise ». « Nous sommes conscients que l'évolution de l'Afrique nécessite la création d'espaces économiques dynamiques et vitaux des plus importants au monde et nous allons trouver des solutions dans les infrastructures de base et des modèles économiques, la protection de l'environnement, de l'évolution humaine et technologique », a-t-il ajouté. Par ailleurs, Sellal a précisé que cette rencontre « n'est pas une manifestation politique mais plutôt un forum économique visant à susciter l'intérêt des hommes d'affaires algériens et africains pour créer de la richesse en Afrique ». C'est une occasion de dialogue et de concertation pour tisser des liens fructifiants et mettre en place des mécanismes complémentaires de développement.