Une enquête-sondage d'opinion menée par l'Office national des statistiques (ONS) a fait état d'une baisse de l'activité commerciale enregistrée au deuxième trimestre 2016, notamment dans le commerce de l'agroalimentaire, des combustibles ainsi que des machines et du matériel d'équipement. Cette baisse, selon des experts en économie, est expliquée par plusieurs facteurs. Ces derniers n'ont pas omis d'annoncer que les choses seront encore plus difficiles à partir de 2017, avec l'entrée en vigueur de la nouvelle stratégie économique du gouvernement pour faire face à la chute drastique des revenus pétroliers du pays. Expert en économie, Abdelmalek Serraï a affirmé que plusieurs éléments expliquent cette baisse de l'activité commerciale. Il s'agit de la réduction de la production constatée au niveau de l'ensemble des secteurs d'activité qui a eu pour effet de diminuer l'offre sur le marché. Il a évoqué, également, le choc psychologique chez les ménages après les annonces sur une augmentation effective des prix. Il a expliqué que les Algériens commencent à faire preuve de plus de rigueur dans leurs dépenses et deviennent moins gaspilleurs. A cela s'ajoute la dépréciation du dinar par rapport à l'euro et au dollar qui a provoqué la baisse des importations. Il a précisé que les produits de l'importation sont devenus plus chers. Pour Serraï, cette baisse d'activité commerciale s'accentuera à partir de janvier prochain avec l'entrée en vigueur de la nouvelle stratégie économique du gouvernement. Une stratégie qu'il a qualifiée de « retour graduel à la normalité ». Serraï a refusé de parler de politique d'austérité. Il a soutenu que ce retour à la normale sera douloureux, mais nécessaire pour redresser la situation économique du pays. A quelques différences près, Mohamed Bahloul, économiste, analyste et directeur de l'Institut de développement des ressources humaines (IDRH) d'Oran, abonde dans le même sens. Il a estimé que la baisse de l'activité commerciale est expliquée par le nouveau comportement des consommateurs qui commencent à gaspiller moins, notamment les produits de large consommation. Il a cité, également, le manque de l'offre sur le marché. Pour sa part, l'économiste Djamel Belmihoub a remarqué que cette baisse a touché essentiellement les produits importés. Pour lui, les mesures décidées par le gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique économique visant la réduction des importations est à l'origine de cette tendance baissière de l'activité commerciale. Il a cité, particulièrement, la domiciliation bancaire qui a pour effet de décaler dans le temps les importations. Pour l'année 2017, Belmihoub a affirmé que la situation va encore s'aggraver davantage. Non seulement, a-t-il estimé, elle sera marquée par la baisse de l'activité commerciale, mais surtout par un ralentissement économique. A quoi faut-il s'attendre ces prochains mois ? Notre interlocuteur prévoit des situations de pénurie, une augmentation des prix des produits aussi bien les produits importés que ceux fabriqués localement. Il est juste de rappeler que, selon l'enquête de l'ONS opérée auprès de 533 entreprises commerciales (tous secteurs juridiques confondus), la plupart de ces commerçants se plaignent de l'indisponibilité des produits, des délais d'approvisionnements qui sont longs ainsi que de la lenteur des formalités d'acquisition de marchandises.