Chakib Khelil, expert des questions pétrolières, a tenu, hier, une conférence à l'hôtel Marriott de Constantine dans le cadre d'une rencontre avec le mouvement associatif local. Dans son intervention, Khelil a présenté son programme économique visant à réduire la dépendance aux hydrocarbures de l'Algérie, un programme s'articulant autour d'une plan d'action visant une restructuration de plusieurs secteurs (banques, Bourse, transports, ressources humaines, etc.) et une réorientation de l'économie vers un développement plus attractif avec, par exemple, une priorité d'échange avec l'Afrique, continent qui ouvrira de nouvelles perspectives pour l'Algérie. Questionné au sujet de la rencontre d'il y a une semaine, à Vienne, des pays producteurs de pétrole (membres ou pas de l'Opep), Khelil a qualifié cet accord d'« historique » passé « en un temps record ». « Le plus important est que certains pays comme l'Arabie saoudite avaient accepté de réduire leur production. Je pense qu'après les accords d'Alger et Vienne, le marché retrouvera un certain équilibre à partir de 2017, car il faut savoir que les pays importateurs de pétrole comme ceux d'Europe n'ont pas encore épuisé leurs réserves, et donc un accroissement de la demande n'est prévisible que dans quelques mois, ce qui aura comme effet de booster les prix. La seule condition à ce que les cours du pétrole augmentent est que l'accord de Vienne soit réellement respecté. Je me souviens qu'en 2008, suite à la réunion de l'Opep d'Oran après la chute des prix du baril à 30 dollars, nous avions, à l'époque, estimé que 70% des pays ont respecté leur engagement, ce qui a conduit à une augmentation des cours les mois suivants. Aujourd'hui, je pense que la situation n'est plus la même, à cause d'abord des troubles et de l'instabilité politique dans certains pays, surtout le Nigeria et la Libye, et puis il y a aussi l'influence des producteurs américains du pétrole de schiste qui vont reprendre leur production. Leur retour fragilisera les marchés. » Pour toutes ces raisons, l'ancien président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole estime que la prochaine réunion de l'Opep, prévue le mois de mai prochain, sera cruciale et que pour cela, les pays membres ou pas de l'Opep doivent être prudents. Toutes leurs décisions doivent aboutir à un maintien des prix et l'idéal, selon lui, est un prix se situant autour des 70 dollars. Par ailleurs, Khelil a estimé que la situation sociale et économique de l'Algérie en 2017 sera moins tendue que l'année en cours, contrairement à ce que prévoient certains experts ou économistes. Se voulant moins alarmiste, il dira : « La moyenne des prix du baril de pétrole en 2016 est de 43 dollars et selon les prévisions, elle sera de 52 en 2017. Il n'y aura pas à mon avis une crise sociale, mais au contraire une amélioration. D'abord, parce que l'Etat a pris ses précautions, il y a aussi les réserves de changes de près de 110 milliards de dollars, mais plus important encore est que le dollar reprend son essor face aux autres monnaies, ce qui est à notre avantage. »