La rupture est scellée entre le gouvernement et les Frères musulmans dont le guide suprême jouissait de relations privilégiées avec les Hachémites, la famille régnante : le Premier ministre les accuse de « recevoir des ordres de l'Egypte et de la Syrie » et le principal mouvement d'opposition appelle à sa chute. Le groupe des «jeunes du 24 mars», dont le camp a été démonté vendredi par la police après des heurts, et les islamistes ont demandé hier que le Premier ministre jordanien, le chef des renseignements, le chef de la gendarmerie et leurs adjoints soient limogés et jugés pour leur responsabilité dans les violences qui ont fait vendredi un mort et plus de 130 blessés. «Ce gouvernement doit démissionner ou être limogé, un gouvernement qui fait couler le sang de ses citoyens perd sa légitimité», a affirmé lors d'une conférence de presse à Amman, cheïkh Hamzeh Mansour, chef du Front de l'action islamique (FAI), branche politique des Frères musulmans, accusant le gouvernement de «crimes contre l'humanité». Le Premier ministre Maarouf Bakhit a accusé les Frères musulmans de Jordanie de «recevoir des instructions de dirigeants des Frères musulmans d'Egypte et de Syrie». «Cela fait partie des inventions et des mensonges que nous entendons souvent», a affirmé le chef des Frères musulmans de Jordanie, Hammam Saïd. «Nous sommes des dirigeants, et il est de notre droit de nous rendre à Damas ou ailleurs pour des consultations avec nos frères sur la question palestinienne. Nous les consultons, nous exprimons notre opinion mais nous ne prenons des instructions de personne», a-t-il dit. Le roi Abdallah II avait limogé le 1er février le gouvernement de Samir Rifaï et chargé M. Bakhit de mettre en place des réformes. Ce dernier et son gouvernement avaient obtenu le 3 février la confiance du Parlement lors d'un vote serré.