Ramtane Lamamra, le Commissaire du Conseil de paix et de sécurité (CPS), demande à la Coalition internationale qui n'a apporté aucune solution à la crise libyenne ni par la mise en place de la «zone d'exclusion aérienne» ni par les frappes militaires menées par les forces de l'OTAN de cesser de miner les efforts de l'Union africaine pour trouver une solution continentale à ce conflit et de s'abstenir d'actions, y compris des opérations militaires visant de hauts responsables libyens et des infrastructures socio-économiques qui outrepassent le cadre fixé par la résolution onusienne 1973. Ces «actes» risquent «d'aggraver la situation et de rendre plus difficile un consensus international sur la meilleure voie à suivre», peut-on lire dans le communiqué publié hier par le CPS à Addis-Abeba à l'issue d'une réunion au niveau ministériel sur cette crise qui s'achemine vers une impasse. L'Organisation continentale qui se pose en médiateur, persiste et signe : la solution au conflit libyen ne passera pas par l'actuelle «gesticulation» et les «décisions» musclées prises sous l'influence de Bernard-Henri Lévy mais par un règlement politique prévoyant une cessation immédiate des hostilités suivie par une période transitoire et un dialogue. A la différence du gouvernement, le CNT, Conseil national de transition, soutenu par les Occidentaux, rejettent la «solution africaine». Il exige que tout règlement inclut le départ du colonel Mouammar Kadhafi et de ses fils. Un départ que l'Otan veut accélérer probablement en ciblant lundi et délibérément un bureau du leader libyen, situé dans son immense résidence du secteur de Bab Al-Aziziya à Tripoli. Contre toute attente et aux mépris de toute légalité, Robert Gates et Liam Fox, les ministres américain et britannique de la Défense, jugent légitime le choix de cette cible présentée comme le «centre de contrôle et de commandement» des forces du régime qui «commettent des violences contre les populations civiles». L'OTAN PREPARE UNE OPERATION TERRESTRE «Notre espoir repose toujours dans le Comité des chefs d'Etats de l'UA pour poursuivre ses efforts en faveur d'une solution négociée», affirme le ministre libyen des Affaires étrangères, Abdelati Obeïdi, aux participants à la réunion du CPS avant de leur demander de convoquer «au plus tôt» une session extraordinaire de l'assemblée de l'UA pour identifier les moyens de permettre au continent noir de «mobiliser ses capacités face aux forces extérieures» qui affichent une volonté de «recoloniser» l'Afrique. Les Occidentaux cherchent, dit-il, «à sanctionner l'Afrique par le biais de la Libye» et «à piller ses richesses pour la recoloniser». Il demande à l'UA d'invoquer un accord de défense mutuelle face aux bombes des alliés et de «condamner vigoureusement» les frappes de drones américains et le déploiement des conseillers militaires occidentaux sur le territoire libyen. Selon lui, ces actes constituent une «violation des résolutions de l'ONU» et une «claire préparation de la future agression» terrestre contre Tripoli. Ramtane Lamamra appuie l'appel du diplomate libyen. «Des consultations vont être entamées pour la tenue d'un tel sommet dans les semaines prochaines», dit-il. Abdallah Alzuberi, qui dirige la délégation du CNT, présente pour la première fois en Ethiopie, n'est ni pour ni contre. Se méfiant de l'offre de paix africaine, il laisse croire qu'il revient à l'UA «d'organiser un tel sommet» avant de réitérer l'exigence de ses amis basés à Benghazi : le départ des Kadhafi comme préalable à toute solution négociée. La Russie qui a multiplié ces derniers temps les critiques à l'égard de la coalition internationale, jugeant que son intervention outrepassait le mandat de l'ONU, a été saisie mardi soir d'une demande officielle : convoquer une réunion urgente du Conseil de sécurité de l'Onu pour discuter de la «tentative de prendre pour cible» le colonel et de la persistance des bombardements contre les sites civils. Selon la télévision libyenne, ces bombardements sont «contraires aux résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu 1970 et 1973 et violent les lois et conventions internationales». Selon la presse russe, Dmitri Medvedev ne planifie pas une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité mais ne semble pas enclin à laisser passer une résolution de la coalition quasiment «annoncée». Selon Vladimir Jirinovski, le vice-président de la Douma, la coalition occidentale qui a besoin de remplacer le régime en place à Tripoli ne pourra pas faire dans les jours l'économie d'une opération terrestre. Il n'est pas le seul à faire cas de cette éventualité. Selon «Bild», un journal allemand, l'Union européenne s'y prépare déjà. D'après un document publié par ce quotidien, cette opération durera «4 mois» au maximum.