Après un an et demi de tractations, les deux principaux mouvements palestiniens ont tourné la page de la division. Lors d'une cérémonie tenue hier au Caire, ils ont parachevé l'accord de réconciliation signé mardi, en présence de leurs chefs Mahmoud Abbas et Khaled Mechaâl, du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, de l'émissaire du secrétaire général de l'ONU, Robert Serry, des deux responsables égyptiens les plus impliqués dans la médiation, le ministre des Affaires étrangères Nabil al-Arabi et le chef des renseignements Mourad Mouafi. Dans d'un discours prononcé à l'occasion, le président Abbas a déclaré que «les Palestiniens ont décidé de tourner pour l'éternité la page noire de la division», ajoutant que les deux mouvements sont certains de réussir tant qu'ils seront unis. «La réconciliation ouvre la voie non seulement à la remise en ordre de la maison palestinienne, mais aussi à une paix juste», dira-t-il. De son côté, Khaled Mechaâl a affirmé que le Hamas œuvrera pour parvenir à atteindre «l'objectif national palestinien» qui est d'établir en Etat souverain à Gaza et en Cisjordanie. Le Hamas souhaite l'«établissement d'un Etat palestinien indépendant et souverain en Cisjordanie et dans la bande de Gaza avec El-Qods pour capitale, sans renoncer d'un pouce ni au droit au retour», a déclaré le chef du mouvement, précisant que «notre unique combat est contre Israël». Le président palestinien a, par ailleurs, répondu aux allégations israéliennes, estimant que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, fermement opposé à l'accord interpalestinien, devait «choisir entre la colonisation et la paix». Il a également accusé l'administration israélienne de se servir «de la fin de la division (du camp palestinien) comme d'une excuse pour éviter des discussions de paix», en panne depuis quelques mois. Les Israéliens, depuis l'annonce de la réconciliation entre le Fatah et le Hamas, sont, en effet, passés à l'offensive. Le ministre israélien chargé de la Défense des civils, Matan Vilnaï a même qualifié l'accord de «poudre aux yeux». «Après cet accord, rien ne va changer», a-t-il déclaré, estimant que «M. Abbas aurait dû exiger une déclaration claire du Hamas portant notamment sur une reconnaissance d'Israël, une condamnation du terrorisme, avant de signer». Cette déclaration vient s'ajouter aux démarches de M. Netanyahu qui entend mettre en avant cet accord lors de sa tournée en Europe pour dissuader la communauté internationale de reconnaître un Etat palestinien sans règlement préalable avec Israël. D'ailleurs, il a réaffirmé, hier depuis Londres, que cette réconciliation est «un coup dur pour la paix et une grande victoire pour le terrorisme». Toutefois, même si Israël tente de diviser une nouvelle fois le clan palestinien, la réconciliation a été vivement célébrée à Gaza et en Cisjordanie. Dans la ville de Gaza, environ 700 manifestants ont défilé jusqu'à la place centrale du Soldat inconnu, en brandissant le drapeau national palestinien, et des fanions verts, pour les islamistes du Hamas, et jaunes, pour les nationalistes du Fatah. Enfin, le président palestinien, Mahmoud Abbas sera reçu aujourd'hui à Berlin. Hier, l'Allemagne a réaffirmé qu'elle ne reconnaîtrait pas unilatéralement un Etat palestinien. «Le gouvernement allemand reste sur la position exprimée par la chancelière (Angela) Merkel après son entretien avec M. Netanyahu en avril», a expliqué le porte-parole gouvernemental Steffen Seibert. La rencontre Merkel-Abbas sera «certainement une discussion sérieuse, amicale et constructive», bien qu'il «ne faille pas s'étonner si on est pas du même avis sur tout», a-t-il prévenu.