Trop de liberté tue la liberté. C'est connu dans l'histoire des peuples : les révolutions sont autrement plus incertaines au lendemain de leur triomphe. En Tunisie, comme en Egypte, l'exemple prend toute sa dimension. Au pays du Nil, si la reprise en main des affaires publiques par l'armée a permis le maintien, bien que fragile, de l'équilibre institutionnel, dans la rue par contre, l'heure est à l'insécurité totale. Le tout sur fond d'un conflit entre musulmans -salafistes- et chrétiens -coptes- qui risque de porter un sérieux coup à l'unité nationale. Les actes de banditisme sont devenus au pays des Pharaons, tels que les appels à un retour en force de la police se font de plus en plus pressants. La presse égyptienne rapporte quotidiennement des informations sur la perte de contrôle de la situation sécuritaire (tentatives d'évasion collective de postes de police et de prisons, actes de brigandage, de rixes à l'arme à feu et blanches…). Des sources sécuritaires affirment que les actes de violence durant la période du 28 janvier au 28 février ont donné lieu à 122 homicides prémédités en indiquant que l'Egypte a connu une perte de contrôle de la situation sécuritaire depuis le vendredi de la colère du 28 janvier dernier. Soit trois jours après le début de la révolution en raison du retrait de la police de la rue. Un membre du Conseil supérieur des forces armées a récemment exprimé sa crainte d'une «libanisation» de l'Egypte en accusant, pas moins, les «ex-barons» de Moubarak et des «mains étrangères» d'être derrière les actes de violence et de banditisme. Face à l'insécurité galopante, le Conseil supérieur des forces armées et le gouvernement durcissent le…bâton. Le directeur de la sûreté publique, le général major Mohcen Mourad a imputé ce qui ce passe actuellement à la perte de contrôle de la situation sécuritaire suite au «discrédit de la police du fait de la pression médiatique». La décision du conseil des ministres de charger la police de la lutte contre l'anarchie aura un impact positif, poursuit-il. Le conseil des ministres avait permis, la semaine dernière, aux agents de police de recourir à la force, dans le cadre de la légitime défense, pour protéger les structures publiques. Le conseil a exprimé "son plein soutien aux agents de police dans l'accomplissement de leur devoir national qui consiste à préserver la sécurité et protéger les citoyens, conformément à la loi. Plus menaçant que le banditisme régnant, les heurts meurtriers entre musulmans et chrétiens au Caire ont suscité les craintes d'une recrudescence des violences confessionnelles, et laissent planer le risque désormais, sérieux d'une «guerre civile» en Egypte après des critiques contre l'inaction de la police. Et ce, en dépit des promesses du gouvernement de recourir à tout l'arsenal législatif disponible pour éviter de nouveaux affrontements entre musulmans et chrétiens coptes après ceux du quartier populaire d'Imbaba dimanche dernier qui ont fait 12 morts et 232 blessés. Hier, la presse était unanime à exprimer les craintes d'une extension des violences. «Le feu du fanatisme religieux met en danger l'Egypte», titrait le quotidien Al-Ahram, «l'Egypte en danger», écrivait Al-Akhbar, et «L'extrémisme brûle la révolution", soulignait l'indépendant al-Masri al-Youm.