Le sommet du G20 à Pittsburgh aura été presque muet sur la lancinante question du réchauffement climatique dans ce qu'elle a de plus engageant, en matière financière et économique, pour les grands pays industrialisés. La crise climatique est foncièrement économique, sinon comment expliquer que l'on puisse repousser à des échéances indéfinies des solutions dont on sait qu'elles sont le seul recours pour entamer un début de salut climatique. Dans cette cacophonie où les conflits d'intérêts rendent sourds ceux qui ne veulent pas entendre, et où les enjeux humains se convertissent en valeurs financières avant d'être envisagés et pris en charge, on se rend compte à quel point la question du climat risque d'être le parent pauvre de toutes les décisions, tout en demeurant la vedette de tous les forums et sommets. Les enjeux du futur, peut-on dire, semblent volontiers sacrifiés sur les autels de la crise et de la croissance économique. Un aveuglement qui aura un coût exorbitant et pour l'économie et pour l'humanité entière, car sur le long terme, le réchauffement climatique aura des effets déterminants sur la disponibilité des ressources en eau, sur la régularité des saisons et par là même sur le sécurité alimentaire planétaire et, partant, sur la stabilité et la paix dans le monde. Pour l'Afrique, continent qui pouvait se passer de cet autre fléau, lui qui a toujours connu des crises permanentes de développement, d'accès à l'eau et aux technologies, le réchauffement climatique est une fatalité venue d'ailleurs. Des décennies d'efforts forcenés d'industrialisation, de course compétitive pour l'hégémonie économique ont fait de l'Occident une cheminée gigantesque à ciel ouvert qui a pollué jusqu'à la rupture. Mais l'effronterie n'ayant pas de limites, et la notion de justice et d'équité internationales ayant été bafouée, on interpelle l'Afrique, au moment où ce continent se trouve sur la voie favorable de la croissance et du développement, sur sa part de pollution, comme s'il était possible de demander à l'Afrique de se suicider pour ne par mourir des effets du climat. Quand on sait que le seul Etat du Texas pollue l'atmosphère beaucoup plus que ne le fait le continent africain dans son ensemble, on se rend compte à la fois de l'innocence de l'Afrique dans un procès qui n'est nullement le sien, et de l'ampleur du retard de développement d'un continent qui a pourtant toutes les richesses pour réussir sa marche vers la prospérité et le progrès.