• Chérif Kheddam précurseur de la chanson kabyle moderne. La chanson kabyle ne se résume pas uniquement à des entraînants airs de fêtes, ce sont aussi des chansons patriotiques, engagées, modernes ou religieuses. Hier, à l'Ecole supérieure de journalisme et des sciences de l'information, une conférence-débat a été organisée sur la chanson amazighe sous le thème « la chanson kabyle : entre histoire et défis ». C'est en présence des chanteurs Djidda et Cheikh El-Hasnaoui Amechtouh que l'événement culturel a été entamé avec des Achwiq et Ourar Tiwali, chantés généralement par les femmes dans les mariages, les fêtes ou enterrements. Kamel Boudjemai, chercheur et animateur à la radio chaîne II, a ramené le début de la chanson kabyle aux années 1870. Il a évoqué tous les chercheurs et chanteurs de cette époque qui ont marqué la chanson kabyle tel Amar Boulifa qui a recueilli des récits kabyles et qui ont été par la suite composés en chansons. L'animateur a tenu à expliquer le rôle de la femme dans la chanson kabyle qui, à travers des airs de Achwik ou Thivougharine, exprime ses sentiments profonds d'amour ou de chagrin. L'orateur explique aussi que c'est durant l'année 1945 que fut sorti le premier disque de la chanson kabyle. Celle-ci se développera par la suite grâce à à la défunte Taouès avec sa troupe «Tabeline», Cheikh Belaid, qui a dans son répertoire 18 disques de 78 tours. Mais l'émergence de la chanson kabyle a été plutôt provoquée par les chansons patriotiques de Farid Ali et sa «A Yema azzizen ouretsrou», (ne pleure pas ô chère maman). Le conférencier explique par la suite que la chanson kabyle a connu une autre dimension après que certains artistes ont été contraints à l'exil comme Allaoua Zerrouki ou Slimane Azzem, cette légende de l'exil qui a chanté «l'Algérie mon beau pays, je t'aimerai jusqu'à la mort, jamais je ne t'oublierai quel que soit mon triste sort». Après avoir rappelé aussi le parcours des chanteurs femmes comme La Yamina, La Ounissa et La Zina, Kamel Boudjemai a évoqué l'ère de la chanson kabyle moderne en citant le rôle de Chérif Kheddam et Idir avec son célèbre «Avava Inouva» et Les Abranis qui ont été influencés par les «Beatles». Cette «modernisation» de la chanson kabyle ne pouvait qu'aboutir à la chanson engagée avec son maître incontesté le défunt Maatoub Lounés.