Protéger la population civile des représailles de Kadhafi et non de les prendre pour cibles. Au lendemain du bombardement d'un quartier d'habitation à Tripoli ayant coûté la vie à neuf personnes, dont cinq membres d'une même famille, et vingt autres blessés, les chasseurs bombardiers de l'Alliance atlantique ont récidivé hier. Quinze personnes dont trois enfants, ont trouvé la mort dans un nouveau raid qui a visé une résidence d'un vieux compagnon de route de Mouammar Kadhafi à Sorman, 70 km à l'ouest de Tripoli, selon le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim. Ce dernier avait, la veille, accusé l'Otan de commettre des actes «barbares» en visant «délibérément des civils». «C'est une autre nuit de tuerie, de terreur et d'horreur, causée par l'Otan», dit-il accusant l'OTAN d'appliquer la résolution 1973 d'une «manière irresponsable». Dans un communiqué, l'Alliance atlantique a officiellement reconnu que la frappe de dimanche avait causé des pertes civiles, mais en réfutant le bombardement de Sorman «un site militaire de missiles était la cible prévue de frappes aériennes à Tripoli la nuit dernière. Toutefois, il s'avère qu'une arme n'a pas frappé la cible prévue et qu'il peut y avoir une erreur dans le système qui a fait un certain nombre de victimes civiles», a expliqué le général canadien Charles Bouchard qui dirige l'opération en Libye tout en exprimant les regrets de l'organisation. S'agit-il réellement d'une anomalie technique à l'heure où l'on vante l' «infaillibilité», voire la «chirurgicalité» des frappes des redoutables F16 ? Quels que soient les arguments avancés par les généraux de l'Otan, force est d'admettre qu'avec autant de bavures, c'est toute la légitimité de l'intervention militaire qui est, encore une fois, remise en question. Notamment suite au changement du discours des pays de l'Otan qui revendiquent ouvertement la tête du dirigeant libyen. Soit une transgression en règle de l'objectif principal de la zone d'exclusion aérienne en Libye, instauré en vertu de la résolution 1973 du conseil de sécurité : protéger la population civile des représailles de Kadhafi et non de les prendre pour cibles.