Les négociations sur le climat de Bangkok pour un éventuel accord mondial à Copenhague se sont achevées hier après deux semaines de négociations qui ont révélé de vives tensions entre pays industrialisés et pays en développement La situation climatique dans le monde est terrifiante. Dans les milieux spécialisés, la voix autorisée de la Stern Review on the Economics of Climate Change atteste d'une «sous-estimation des risques et des dommages associés à des accroissements de température». «2009 pourrait être l'année décisive en ce qui a trait à la relation de l'espèce humaine avec la planète qui l'abrite», précise Bill McKibben, en juin dernier dans la prestigieuse revue New York Review of Books. Il en fixe le «seuil de sécurité climatique pour l'humanité» à 350 PPM (parties par millions) de gaz carbonique dégagés dans l'atmosphère. Et, circonstances aggravantes, nous en sommes déjà à 387 PPM. L'ADM (armes de destruction massive) des plus grands pollueurs qui restent les plus riches s'exercent en chantage immoral sur le destin de l'humanité. La décennie ratée de Kyoto marque l'absence flagrante d'une volonté de coopération et, surtout, du respect des engagements internationaux pleinement codifiés. Le rôle ambigu des Etats-Unis, signataires du protocole qui n'a pas été, à ce jour, entériné par le Congrès, est la manifestation la plus claire de la responsabilité historique» souverainement occultée : si, à cet effet, Kyoto oblige à une réduction des émissions de gaz (les 6 substances dont le CO2 responsable du réchauffement climatique) de 6% à 8% en moyenne, à l'horizon 2012, force est de constater que, par rapport à 1990, les Etats-Unis l'ont augmentée de 16% ! Le diktat des grands en dit long sur la tartufferie au relent humanitaire et moralisateur des plus exécrables. A deux mois du rendez-vous planétaire de Copenhague, prévu en décembre 2009, la dérive monstrueuse de Kyoto n'est pas près de prendre fin. A Bangkok, tenant conclave en avant première, l'état d'esprit des délégués des 180 pays ambitionne de préparer l'après-Kyoto, avec, semble-t-il, un engagement plus sérieux et appelant, selon le haut responsable onusien sur le climat, Yvo De Boer, «une offre de financement plus significative et plus d'ambition». Le nœud gordien de l'affaire suscite une vive opposition des pays en développement qui défendent la perspective d'un renforcement des dispositions de Kyoto et son caractère coercitif. Mais, la proposition américaine visant à «extraire certaines parties» du contenu de Kyoto souligne la perversité d'une position aux ambitions «trop faibles», selon les uns, et de nature à «faire oublier qu'ils n'ont pas encore des efforts de réduction à proposer», constate l'ambassadeur français pour le climat, Brice Lalonde. Pourtant, la crise mondiale salutaire, contribuant à la baisse de 3% des émissions du CO2, est une chance à saisir au vol. A moins que, tel que le suggèrent des organisations humanitaires, la mise sur pied d'un «tribunal sur le climat» pour mettre en accusation le G8 coupable de crime contre l'humanité.