«Nous irons à l'Assemblée générale des Nations unies pour obtenir une reconnaissance internationale à l'Etat de Palestine, conformément à l'ancien plan de partage jamais appliqué depuis 60 ans, malgré les obstacles et les dangers, y compris les menaces américaines d'arrêter les 470 millions de dollars d'aide annuelle», déclare le président Mahmoud Abbas. Vers un bras de fer Autorité palestinienne-administration américaine après ce veto annoncé à la création d'un Etat palestinien «indépendant et souverain» qui «devrait exister depuis longtemps», selon Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies ? «Si, répond-il, dans une interview au journal jordanien, Al-Rai, Washington utilise son droit de veto contre nous, cela ne signifie pas une rupture». Comme pour rappeler son statut de «modéré», il rappelle que l'Autorité palestinienne a eu par le passé des différends avec les Etats-Unis et qu'il prendra le moment venu «une décision adaptée aux circonstances». C'est-à-dire, présenter le 20 septembre prochain sa requête historique au Conseil de sécurité où il se heurterait à un veto américain ou solliciter l'Assemblée générale où un vote à la majorité simple donnerait aux Palestiniens un statut amélioré, comparé à leur statut actuel d'«entité observatrice» selon Riyad Mansour, l'ambassadeur palestinien à l'ONU qui table sur le soutien de «plus de 150 des 193 pays» membres de l'organisation en cas de vote. Aux Palestiniens qui attendent depuis la Nakba en 1948 la renaissance de leur Etat, Abbas promet de continuer ses efforts pour réconcilier Fatah avec Hamas, le mouvement qui a pris le pouvoir en 2007 à Ghaza devenue depuis une prison à ciel ouvert. «Les pourparlers pour former un gouvernement de technocrates qui supervisera les élections générales en mai prochain reprendront après octobre, malgré les menaces d'Israël de geler les fonds de l'Autorité palestinienne», dit-il promettant de ne pas se présenter à la présidence. LE VETO US Etats-Unis et Israël, les deux Etats qui sont de plus en plus contestés au Proche-Orient, s'opposent formellement et explicitement à ce projet. Barack Obama, le prix Nobel de la paix, a annoncé d'emblée qu'il opposerait le veto américain à la «Palestine, 194e Etat». La question de l'Etat palestinien ne saurait être traitée «que par la négociation», explique-t-il. L'Etat hébreu qui s'est accaparé déjà de près de 80% de la Palestine historique, ne cache pas son envie de «briser» le rêve palestinien sur le terrain. «Quelle que soit la réponse de l'ONU», expliquent les colons de Cisjordanie. Signe de la montée de la tension, trois mosquées ont subi des déprédations en moins d'une semaine en Cisjordanie. Certains extrémistes jurent de faire payer aux Palestiniens cette demande qui met fin aux accords signés par le passé. Retour à la case départ du conflit ? Seul Eretz Shalom (Une terre de paix), un mouvement pacifiste minoritaire qui réunit colons et palestiniens, voit dans la bataille diplomatique annoncée à New York une opportunité pour se rapprocher la paix. «La reconnaissance d'un Etat palestinien par la communauté internationale est une bonne chose pour l'Etat d'Israël, pour la paix dans la région et dans le monde», déclare son fondateur, le rabbin Menahem Frouman après une rencontre à Ramallah avec Mahmoud Abbas. Les Européens sont encore indécis et divisés. Certains comme les Français proposent aux Palestiniens un statut d'observateurs. A l'instar du Vatican. D'autres prônent le dialogue. Quelques-uns tentent de les amadouer avec de l'argent. Les Arabes qui soutiennent verbalement les Palestiniens, mettront-ils la main à la poche si les Occidentaux ferment les leurs ?