Depuis le début de l'été, une épaisse fumée chargée de mauvaises odeurs venant de la décharge publique d'Ain Smara pollue chaque soir l'atmosphère des cités du 20- Août 1955, du 5-Juillet, Boudjnana et surtout Boussouf. Les habitants de cette dernière sont mécontents et fatigués, ils se plaignent notamment des fortes odeurs en raison de la proximité de leur quartier avec la décharge, chaque année le même scénario se répète. «Nous vivons le même calvaire tous les étés. Notre quartier empeste à cause de cette décharge, en plus des moustiques, des rats et de la chaleur, l'air est vraiment irrespirable. A chaque fois qu'ils mettent le feu à la décharge, il nous est impossible d'ouvrir nos fenêtres», regrette un jeune habitant. Salah, un autre habitant plus âgé, a, quant à lui, dénoncé l'indifférence des autorités locales. «Ceux qui ont un climatiseur peuvent s'enfermer chez eux mais pour les autres, il faut supporter les odeurs. Aucun élu et aucun responsable ne s'est déplacé pour constater le calvaire dans lequel on vit, la fumée provenant de la décharge a provoqué des malaises aux asthmatiques et aux bébés dont certains ont été évacués à l'hôpital. Cela fait des années que nous respirons l'air pollué de la décharge d'Ain Smara, et ça s'est accentué ces derniers temps, surtout au mois de Ramadhan». Situation confuse et difficile à résoudre car la décharge est gérée par la commune d'Ain Smara, alors que Boussouf dépend de l'APC de Constantine. A qui se plaindre dans ce cas ? la question reste en suspens. Pollution mais aussi moustiques, rats, égouts à ciel ouvert, insécurité, le cadre de vie de la cité Boussouf ne cesse de se détériorer au grand dam de ses habitants qui regardent impuissants la clochardisation de leur cité. Contrairement aux autres cités (20-Août 1955, 5-Juillet…) ce quartier populeux n'a pas bénéficié d'opérations de réaménagement et d'amélioration urbaine, ce qui embarrasse les citoyens. «Plusieurs conduites d'eau et d'égouts ont éclaté pour des raisons qu'on ignore encore. Le pire est que les services d'assainissement de l'APC ne sont pas venus», nous fait savoir Salah. Le boulevard principal avec ses crèmeries et ses cafétérias est dans un état lamentable. Les habitants, et particulièrement les familles qui ont pris l'habitude de le fréquenter dans les périodes de chaleur, préfèrent passer leurs soirées à la maison, loin des mauvaises odeurs et de l'insalubrité des trottoirs. Une détérioration de plus pour cette cité, qui a pourtant été dans un passé récent un modèle de propreté. Cependant, les problèmes ne s'arrêtent pas là, les cages d'escaliers par exemple manquent de tout : lumière, propreté, des ascenseurs en panne depuis plus de trente ans ! L'insuffisance de l'éclairage public renforce le climat d'insécurité. «Ça arrange les voleurs et les délinquants qui rodent la nuit. Souvent, il y a des casses dans des appartements, et les rixes entre bandes sont très fréquentes», nous explique ce même Salah. Regrettable aussi est la route du boulevard principal de la cité qui est devenue impraticable à cause des nids de poule. Les automobilistes qui l'empruntent quotidiennement en savent quelque chose, la situation est telle que certains chauffeurs de taxi boudent cette cité de peur de voir leurs amortisseurs craquer. En somme, tout est à refaire pour cette cité qui n'a pourtant qu'une trentaine d'années d'existence. A cause du laisser-aller et de l'incivisme, un grand chantier attend les autorités locales.