Photo : Fouad S. «Retraité, mais je travaille». Cette phrase très souvent entendue au cours de discussions entre sexagénaires reflète la réalité qui prévaut dans notre pays. Pour diverses raisons, financière en premier puis, pour occuper leur temps libre, les retraités algériens n'hésitent pas à revenir au monde du travail. L'implantation de sociétés étrangères et l'augmentation de l'espérance de vie ont également favorisé ce choix. Qu'ils soient travailleurs manuels ou intellectuels, le retour au travail est devenu une échappatoire dans une société où les moyens de distraction et les lieux de rencontre des sexagénaires font cruellement défaut. Saïd plombier, après de bons et loyaux services dans une société nationale, est mis à la retraite. «Une retraite méritée, certes, mais ma réputation dans le quartier ne m'a pas laissé de répit, puis j'ai pris goût et c'est une bonne source d'argent» explique-t-il. Notre interlocuteur qui a des difficultés visuelles a pris sous sa coupe, un jeune de 22 ans. «Cela me permet de travailler à l'aise et enseigner les rudiments du métier à ce jeune déjà formé dans le cadre de la formation professionnelle» avoue-t-il. Dans un autre créneau, celui de l'enseignement, les retraités du secteur de l'éducation, sont très demandés par les écoles privées. Mme Benzerdjeb, professeur dans le troisième palier a, dès la remise de son dossier de retraite, décroché un poste d'enseignante dans une école privée. «Mon expérience a plaidé pour moi, notamment dans la matière (physique-chimie) que j'enseigne. Cet emploi me permet de répondre aux besoins de ma famille dont mes deux enfants qui sont à l'université», affirme-t-elle. Motivation similaire chez Safia, sage-femme. Agée de 63 ans, notre interlocutrice continue d'exercer dans des cliniques privées. Mère d'une fille de 30 ans, Safia a opté pour la continuité dans le travail. «Que vais-je faire à la maison ? Depuis mes vingt ans, j'exerce ce métier, les cris des bébés me manqueraient !» Le secteur de la presse n'est pas en reste de ce retour «en force» des seniors. Qu'ils soient correcteurs, monteurs ou rédacteurs, les retraités du secteur de la presse sont souvent repris par leur propre employeur contre une pige. Une situation qui arrange les deux parties. L'un dispose d'un élément de qualité et l'autre renfloue ses poches. Le retour des seniors au travail est parfois dicté par des besoins de certaines sociétés. Ainsi, des retraités des corps constitués connus pour leur rigueur et leur sérieux dans le travail, sont très sollicités dans la gestion du personnel ou pour des postes clés. Toutefois, ce retour des seniors dans tous les domaines est perçu par les jeunes postulants à des postes d'emploi, comme une concurrence déloyale. Aux yeux de la loi, le travail des retraités n'est nullement interdit, puisque des cotisations sont versées et acceptées dans les différentes caisses de sécurité sociale et de retraite.