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Hamid Temmar, en marge du Salon de l'industrie : «Nous avons l'intention ferme d'avoir une industrie de l'automobile»
Publié dans Horizons le 18 - 10 - 2009

Photo : Makine F. Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, M. Hamid Temmar, a souligné, hier, la «ferme décision du gouvernement d'instaurer une industrie automobile en Algérie. Cela concernera l'automobile de grande consommation (véhicule touristique) ainsi que les véhicules industriels et intermédiaires». Le ministre a rappelé que la décision est politique. Il a précisé, dans ce contexte, «que même si le gouvernement venait à accepter qu'un montage de véhicules se fasse en Algérie, cela ne sera qu'une première étape avant d'aller vers la fabrication». Dans cet entretien qu'il nous a ccordé en marge du Salon de l'industrie qui s'est ouvert hier à la Safex, il revient sur la relance du secteur public et la stratégie industrielle.
Qu'en est-il de l'évolution du projet d'une industrie automobile en Algérie. Les concessionnaires soutiennent que les sous-traitants existent dans cette filière ?
Bien sûr, si nous lançons l'industrie de l'automobile, nous allons utiliser les sous-traitants nationaux. Nous n'allons pas ramener les sous-traitants de l'extérieur.
C'est évident. Mais certains organes de presse rapportent que j'ai annoncé la construction de la voiture algérienne dans dix ans. Je ne sais pas d'où ils ont ramené ces dix ans. C'est faux. Je n'ai jamais affirmé cela. Certains organes ont même affirmé que je suis en train de rêver. Il faut que nos analystes prennent des informations là ou il faut. Je suis prêt à les recevoir et discuter.
Mais je le répète, nous avons l'intention ferme d'avoir une industrie de l'automobile en Algérie. C'est une décision politique de l'Etat et non d'un ministre. Il faut bien comprendre que toute la politique qui se fait est réalisée au nom du gouvernement. Et c'est pourquoi le gouvernement a pris la décision ferme de mettre en place une industrie de l'automobile.
Qu'en est-il de la nouvelle stratégie industrielle par rapport à la tenue de ce Salon ?
Il ne s'agit pas d'une nouvelle stratégie. Il s'agit plutôt d'un redéploiement de la stratégie de développement économique. Nous ne négligeons ni l'agriculture, ni le tourisme, ni la pêche, ni les travaux publics. Il s'agit simplement d'un secteur qui sert tous les autres secteurs. C'est la raison pour laquelle ce salon est très important pour nous. Je m'aperçois d'ailleurs qu'une grande partie des exposants continuent à exposer des produits importés dans ce salon.
C'est nécessaire car notre industrie doit importer des machines pour pouvoir fabriquer des produits. Mais il est clair que la production nationale doit avancer. J'ai constaté dans ce salon, qu'il y a des tentatives beaucoup plus sérieuses de la part des entreprises publiques et privées par rapport à l'année dernière.
Le gouvernement s'organise maintenant pour pouvoir appuyer sérieusement la relance de la production nationale, par le biais du secteur public et du secteur privé. Notre problème ne se pose plus en termes de secteur public et de privé, mais de dire que l'entreprise algérienne doit maintenant se redresser dans le secteur industriel. Et il y a dans ce secteur des domaines importants comme la mécanique, l'électronique, la métallurgie, la chimie et la pétrochimie. Et le secteur privé n'y est pas toujours présent hélas.
C'est pourquoi l'Etat prend ses responsabilités dans ces domaines, en trouvant des partenaires pour nous accompagner dans notre politique de relance de la production nationale. Le gouvernement souhaite mettre en place des conditions pour que les décisions de croissance se réalisent sur le territoire national et de manière systématique.
Il n'y a donc rien de nouveau par rapport au passé. Nous disons simplement que l'Algérie continue encore à aller vers l'économie ouverte avec des investissements libres. Nous souhaitions simplement faire focus sur la production nationale. Cela est d'autant plus vrai car les importations sont devenues, chez nous, trop importantes par rapport au marché du pétrole qui commence à décliner. Il est extrêmement stratégique d'avoir maintenant un secteur industriel fort.
Y a-t-il d'autres choix pour la relance du secteur public ?
Pensez-vous que le gouvernement prend des décisions sans faire des analyses de ce qui a été fait et de ce qui viendra. Tout se fait sur des études et des analyses systématiques. Nous vivons une grande crise internationale qui n'est pas résorbée. La crise est résorbée plus ou moins sur le plan financier, mais sur le plan de la production, nous sommes encore loin des comptes.
Il est clair que l'Algérie doit développer son appareil de production. Nous avons essayé de s'ouvrir au maximum pour attirer les investissements. Mais malheureusement les investissements sont nuls. Je remercie les investisseurs qui sont venus mettre de l'argent dans notre pays et créer des emplois et des exportations. Il n'y a pas de doute là-dessus.
Mais malheureusement les investisseurs vont bien souvent là où cela les intéresse. Bien sûr, c'est normal. Mais ils ne vont pas dans les secteurs qui nous intéressent, nous. Or la stratégie de l'Algérie est affirmée par le chef de l'Etat et répétée par le Premier ministre. Elle réside dans la relance de la production nationale.
L'industrie et l'agriculture constituent pour l'instant la base essentielle de la production nationale. Il faut donc relancer l'industrie et par conséquent les entreprises publiques importantes. Le secteur privé industriel ne s'aventure pas malheureusement dans les secteurs industriels importants pour la croissance économique et l'intégration régionale et surtout pour la compétitivité nationale de l'Algérie dans un monde ouvert.
C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de revoir le secteur public dans le sens de découvrir les industries qui sont importantes pour le développement de l'industrie et l'intégration nationale. Les investissements nouveaux vont vers la mécanique, l'électronique, la pétrochimie.
Nous avons décidé de nous occuper des industries qui sont des industries créatrices d'emplois et structurantes. Même dans ce domaine, l'Etat ne peut pas être seul ; il demande à ce que des partenaires nationaux et internationaux y participent. Nous voudrions même que dans certains secteurs industriels, le partenariat se fasse uniquement entre le partenariat privé national et le privé international.
Cela ne nous dérange pas. Mais l'essentiel pour nous ce n'est pas l'Etat ou pas l'Etat ; notre objectif est la relance de la production nationale. Tout ce que la presse et les économistes nationaux ainsi que les universitaires peuvent dire pour nous aider à mieux organiser notre politique est le bienvenu. Il s'agit du destin de notre pays et non du gouvernement.


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