Photo: Horizons. « Il y a un gisement important pour favoriser la finance islamique en Algérie», a déclaré l'expert financier algérien, M. Hachemi Siagh, au séminaire sur la finance islamique qui se tient avec le concours de la banque algérienne Al Baraka au Sheraton. Il y a déjà Al Baraka, la Salem Bank, l'Algerian Bank du Golfe plus d'autres banques telles la Société Générale, la Trust Bank, la Housing Bank et enfin le CPA (banque publique) qui veulent elles commencer d'abord par les produits financiers. Les intervenants, des universitaires, représentants de banques et de boites d'assurance qui se sont relayés à la tribune au cours de cette rencontre ont pu témoigner de la montée en puissance des banques islamiques partout dans le monde y compris en Europe. Des études en Grande-Bretagne et en France sont déjà lancées pour essayer de mettre sur le marché les produits y afférents. On parle d'un intérêt certain pour le produit «sukkuk» aussi bien en Allemagne qu'au Japon. Les «sukkuk» dépassent les 100 milliards de dollars aujourd'hui. En France, un Algérien M. Benbouaziz, un spécialiste en la matière, vient d'être chargé par la Banque de France de réfléchir sur la mise en place de produits de la finance islamique. Bien qu'elle n'est qu'à ses débuts - elle ne représente que 1% des flux globaux - la finance islamique s'est révélée, à la lumière de la crise financière internationale comme un système qui apporte «le plus de garantie et de transparence». Elle est aujourd'hui à travers la Banque Al Baraka et ensuite la Salam Bank qui n'est qu'à une année d'activité, très demandée. Mais d'abord quelques réaménagements au plan juridique qui touchent le code de commerce, le droit fiscal pour qu'il n'y ait plus de « double taxation» sont nécessaires, dira un responsable d'Al Baraka. La banque a dû faire « des acrobaties» pour se mettre en conformité avec la loi et ne pas transgresser l'éthique islamique dont la question sensible de l'usure, «riba» comme nous le diront certains praticiens que ce soit au niveau des banques ou des boites d'assurance. Pour M. Siagh, la loi bancaire, à travers le Conseil de la monnaie et du crédit, ne reconnaît que «les produits liés à la finance conventionnelle». On souhaite donc une « adaptation » pour par exemple favoriser l'assurance « kafala » que propose Salama. En fait, toute la problématique réside dans le refinancement notamment qui se fait au niveau de la Banque centrale à des «taux fixes». Comment les banques islamiques pourront-elles les prendre en compte. Les managers disent avoir trouvé des «arrangements» avec la banque d'Algérie. Il n'y a pas que ça, les boites d'assurances sont tenues elles aussi de «déposer 50% des ressources collectées auprès du Trésor» à des taux fixes. Cette même loi oblige à donner aux souscripteurs des intérêts fixes. Autant de contraintes qu'on veut régler car la finance islamique a ses adeptes en Algérie, plus particulièrement en zones rurales. Al Baraka annonce 25 % de croissance selon un de ses responsables M. Hider, alors que le niveau de croissance du crédit à l'économie atteint les 11 %. Toutefois, la poursuite de ce rythme reste «problématique eu égard aux dernières restrictions concernant le crédit à la consommation. » On n'a pas le choix, on pense au leasing pour les opérations de financement à la «moucharaka» qui est un produit risqué qui peut déboucher sur des pertes. Al Baraka a lancé récemment des projets de microfinance à Ghardaïa. 45 entreprises ont été financées par ce système qui se révèle intéressant avec « 98% de remboursement» et des incidents de paiements minimes.