Les 1548 communes doivent établir leur cartographie immobilière La loi sur les régularisations des constructions inachevées, n'a pas laissé indifférents les architectes. Ils estiment que cette loi gagnerait à être complétée ou soumise à un débat national. Ils reprochent au département de tutelle de ne pas avoir associé la corporation à l'élaboration de ce projet, d'autant plus que les textes en question font de l'architecte le maillon fort pour l'achèvement et l'assainissement de toutes les constructions ciblées, qu'elles soient illicites ou inachevées. Selon cette loi, l'architecte agréé est seul habilité à décider du sort de la bâtisse et de la situation des travaux. Invités hier au forum d'El Moudjahid, les architectes- représentant le Collège national des architectes et l'Ordre des architectes- ont affiché un refus catégorique à assurer des responsabilités, incluses dans la loi, pour lesquelles ils n'ont pas été préparés encore moins sollicités. Selon M. Laâdjouz et Mme Aicha Ouaddah, respectivement président de l'Ordre et secrétaire générale de cette même association, il n'est pas aisé de corriger les défaillances commises de longues années durant, surtout s'agissant de notre patrimoine immobilier. L'on compte actuellement 1.200.000 constructions inachevées, alors que le pays ne compte que 12.000 architectes. Nombre dérisoire devant la complexité de la situation, puisque parmi l'immobilier visé par la récente loi, figurent des constructions illicites, d'autres à conforter à réhabiliter ou à détruire. C'est ce qui explique, d'ailleurs, la crainte des architectes à être confrontés à d'autres problèmes avec les propriétaires et les constructeurs. «Comment allons-nous intervenir», s'est interrogé le président de l'Ordre M. Laâdjouz, soulignant qu'il est grand temps de définir précisément le domaine d'intervention des architectes, puisque le décret en question a occulté le nécessaire. Mme Ouaddah relève, pour sa part, l'opacité de cette loi. «C'est un travail de longue haleine. Et si elle venait à être appliquée, cette loi risque de compromettre les architectes concernés dans une aventure dont ils ignorent encore les tenants et les aboutissants», a-t-elle déclaré. Selon les experts, 20% des constructions illicites sont érigées sur des nids de oueds ou des lisières de forêts. C'est dire la difficulté du travail et la complexité de la situation que les architectes auront à confronter. D'où la nécessité d'apporter les éclaircissements exigés par les architectes algériens. M. Boudaoud rappelle, dans ce contexte, que la promulgation de la loi est certes louable compte tenu du visage hideux qu'offrent nos villes et nos villages, mais l'idéal serait de bien définir le rôle qu'aura à assumer l'architecte dans tout ce processus, dès lors qu'il s'agira de traiter les situations au cas par cas. M. Boudaoud estime que le moment est venu pour que chacune des 1548 communes du pays établisse une cartographie de son patrimoine immobilier, étant donné la particularité de chaque région, sachant qu'il y a des zones à risques: failles sismiques, inondations, glissements de terrains et bien d'autres risques préjudiciables aux occupants. Ce fut d'ailleurs le cas pour les habitants de certaines localités de la wilaya de Ghardaïa lors des inondations de l'année dernière. Abondant dans cet esprit, l'expert en la matière M. Abdelkrim Chelghoum estime que toute démarche doit être revue dans le détail, puisque l'application de cette loi piègera sans nul doute la puissance publique. «Elle donnera le quitus au propriétaire pour parachever sa construction au détriment de toutes les normes requises en la matière, notamment l'aménagement du territoire. De l'avis des conférenciers, il est impératif de rectifier le tir et promulguer des lois précises et claires prouvant leur efficacité sur le terrain. Les architectes considèrent à l'unanimité que la récente loi de régularisation risque de porter atteinte à leur profession et à la déontologie.