Six millions de Nigériens seront conviés demain aux urnes pour répondre à une question : «Approuvez-vous le projet de Constitution soumis à votre sanction?», soit l'octroi d'un quitus qui permettra à Mamadou Tandja, 71ans, dont le mandat présidentiel s'achève le 22 décembre prochain, de rester en fonction jusqu'en 2012 et de se représenter autant qu'il le souhaite. L'opposition politico-syndicale promet de «déployer» une «stratégie de chaos» dans les huit régions du pays pour empêcher la tenue de ce qu'elle qualifie de «coup d'Etat constitutionnel». Le ministère de l'Intérieur multiplie des «dernières mises en garde». Entre Tandja et l'opposition, la tension est à son paroxysme. Débordera-t-elle dans la rue ? Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon appelle les Nigériens à s'abstenir de toute violence. Mamadou Tandja qui a déblayé le terrain pour organiser le référendum et faire adopter une nouvelle Constitution, justifie son projet par les «incessants appels du peuple» pour «parachever» les chantiers de construction qu'il a lancés et « l'indépendance de la République menacée ». «Si le oui l'emporte je resterai, si le non passe, je serai libéré» dit-il laissant aux médias le soin d'expliquer le «contenu» du nouveau texte constitutionnel qui ouvrirait selon lui la voie à une VIe République. De type présidentiel, ce projet permet au président de la République d'être chef de l'Etat, du gouvernement, de l'administration, des armées et de la magistrature et d'avoir un gouvernement qui ne pourra plus être renversé par une motion de censure de l'Assemblée nationale. Autres amendements de taille, le chef d'Etat pourra se représenter autant de fois qu'il le voudra et l'annonce du calendrier électoral (les législatives au plus tard en octobre et les locales au plus tard fin décembre). Comme pour faire taire l'opposition qui l'accuse de vouloir rester au pouvoir pour protéger les intérêts financiers de ses proches dans l'uranium, Tandja a lancé un mandat d'arrêt international contre Hama Amadou, son ancien Premier ministre pour «enrichissement illicite et blanchiment d'argent». Ce dernier, longtemps présenté comme son dauphin, plaide non coupable. Selon lui, c'est un complot du président pour l'empêcher de se présenter à la présidentielle fin 2009. En attendant un éventuel compromis entre Tandja qui s'est assuré le soutien de l'armée qui se dit républicaine et l'opposition, dite démocratique, le Niger, un des Etats les plus pauvres de la planète (60% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté) continue à être isolé sur le plan international par ses principaux partenaires et à être travaillé au corps depuis 2007 par le Mouvement des Nigériens pour la Justice. Ce mouvement que Tandja qualifie de « ramassis de bandits » affronte l'armée dans le Nord du pays. Notamment près des gisements d'uranium qui intéresse les groupes nucléaires étrangers, notamment le français Areva.