Photo: Lylia M. Une mission du Medef, le patronat français, forte de 60 à 70 chefs d'entreprise, est à Alger dans le cadre d'une mission de relance du partenariat. La visite, qui répond à une invitation du Forum des chefs d'entreprise algériens, s'étalera jusqu'au 24 de ce mois. La première journée sera destinée à la mise en contact des deux délégations. Elle sera suivie, mardi, d'une conférence de presse conjointe entre Mme Parisot, présidente du Medef, et M. Hamiani, président du FCE. Le Medef et le FCE se rencontrent annuellement sur le thème du partenariat depuis maintenant cinq ans. La rencontre d'aujourd'hui a la particularité de se tenir dans un contexte nouveau. Elle sera l'occasion de «faire un bilan du partenariat algéro-français», avait noté le patron du FCE. Ce sera aussi une occasion d'avoir « une explication franche avec nos partenaires français et donner une nouvelle dynamique et un nouveau cadre à nos échanges », tout en leur expliquant «les nouvelles règles économiques en Algérie», dira M. Hamiani. En clair, le FCE compte, à son niveaun, défendre les nouvelles règles du jeu en matière économique et les circonstances qui ont poussé l'Algérie, sur la base de l'expérience de ces 15 dernières années, à «revoir un certain nombre de choses et effectuer des ajustements nécessaires». Des rencontres sont prévues avec le ministère des Finances, et aussi, à un plus haut niveau avec le Premier ministre. Les Français ne semblent, aujourd'hui, nullement découragés par les dernières mesures de régulation de l'économie. L'ambassadeur français à Alger avait déclaré récemment que les chefs d'entreprise français viendront à Alger « avec beaucoup de projets d'investissements ». Ils auront toutefois davantage de clarifications sur la politique des IDE qui a été déjà bien expliquée il y a une semaine aux Allemands et qui rencontre « beaucoup de compréhension », selon les officiels algériens. Les pays européens savent que les opportunités d'investissement en Algérie sont toujours attrayantes. L'Italie, l'Allemagne, l'Espagne ainsi que la Chine leur redoutable concurrent n'ont pas baissé les bras puisque plusieurs forums d'affaires consacrés à la destination Algérie ont été organisées, en Algérie ou à l'étranger. En France, par exemple, on peut citer le rassemblement organisé en novembre par le Réseau ICE (réseau des ingénieurs consultants experts franco-algériens) qui a discuté de transfert de savoir-faire, d'innovation et de développement du secteur des technologies, le Forum organisé par Reage, à Paris, les Journées algéro-italiennes à Oran, le Forum d'affaires algéro-chinois à Alger, la mission d'entreprises allemandes… En réalité, beaucoup d'opérateurs ont compris la légitimité pour l'Algérie, aujourd'hui, de construire une base industrielle solide. L'ambassadeur français a déclaré que le constructeur automobile français Renault pourrait relancer son projet de montage de voitures en Algérie. Les Français avaient au départ accusé des difficultés devant la baisse du trafic avec l'Algérie à la suite de l'instauration du crédit documentaire et les autres mesures dans la régulation des IDE dont l'interdiction d'importer des engins de travaux publics d'occasion. Une baisse de 40% du trafic en direction de l'Algérie depuis l'application de ces mesures a été constatée. Les entreprises françaises ont intérêt à réagir vite. Outre la perte de plusieurs marchés importants, la France, premier partenaire économique de l'Algérie avec 16,5% de part de marché (10,5 milliards d'euros de flux), est confrontée à une intensification de la concurrence internationale et notamment italienne (11,9% de part de marché) et chinoise (10,2%). Déjà un point positif, l'installation de la nouvelle chambre de commerce et d'industrie qui réunira à égalité les opérateurs des deux pays. C'est un premier pas.