Photo: Fouad S. Un atelier sur la qualité des matériaux dans la construction parasismique est organisé depuis hier à Alger, à l'initiative du groupement Bâtir. Une thématique qui est, comme l'a fait remarquer dans son allocution d'ouverture, Mohamed Belazougui, directeur général du Centre national de recherche en génie parasismique, à l'ordre du jour du ministère de l'Habitat qui table sur la qualité dans le domaine de la construction. «Nous devons impérativement introduire la qualité dans nos programmes. Il faut savoir que le coût de la non-qualité est largement supérieur à celui de la qualité», affirme-t-il. A ce propos, Ahcen Amarouche, expert en construction, définit deux sortes de coût de la non-qualité dans le domaine de la construction. Il s'agit tout d'abord du coût matériel qui oblige les locataires à engager des frais supplémentaires. «Le non-respect des techniques de construction pousse beaucoup de locataires à refaire carrément leurs appartements. Le non-respect des techniques de construction est dû essentiellement au manque de contrôle, à la non-précision des orientations techniques dans les cahiers de charges destinés aux entrepreneurs et à la précipitation dans la réalisation d'un nombre important de constructions dans un laps de temps très court», explique-t-il. Dans le même contexte, Hamid Boudaoud, architecte, relève la non-existence en Algérie d'entreprises spécialisées dans la qualité. «Les entreprises ne cherchent pas à se mettre à niveau. Rares sont celles qui sollicitent les centres de recherche pour se doter d'une main-d'œuvre adéquate ou encore solliciter des formations de mise à niveau. Les usagers ont également leurs parts de responsabilité. Leur souci principal est d'avoir un logement, coûte que coûte, sans prendre en considération la qualité du bâti», explique-t-il. Outre le coût matériel, le locataire est également confronté au coût moral. «L'engagement de coût supplémentaire provoque, chez un locataire dont les revenus sont limités, à un état de stress dont les symptômes ne se manifestent qu'à long terme. Les travaux répétitifs, la surexploitation et réaménagement des structures sont très éprouvants», ajoute M. Amarouche en affirmant que la solution idéale au problème de la non-qualité est d'inscrire la qualité dans le cadre d'un programme d'un développement durable. Une solution que M. Banazougui soutient entièrement en appelant au respect des règles techniques. «Pour résister à un éventuel séisme et éviter la catastrophe de 2003 à Boumerdes, la conception doit répondre aux normes qui doivent être enseignées au niveau des établissements spécialisés. L'architecte doit avoir une formation dans ce domaine et doit être soutenu par un ingénieur en génie civil», estime-t-il. Les institutions concernées par la construction doivent, poursuit-il, assumer leur responsabilité. «D'où la proposition d'un projet de loi, en étude actuellement, pour définir les responsabilité de tout un chacun», souligne-t-il en faisant savoir, par ailleurs, que la commission technique de la construction s'est réunie récemment pour rafraîchir les règles générales de la construction dont l'élaboration d'un article sur l'utilisation du béton. Les constructions réalisées depuis 2003 fiables à 80% Les constructions parasismiques réalisées depuis 2003 ne sont sûres qu'à 80%, affirme Mohamed Belazougui, directeur général du Centre national de recherche en génie parasismique. «Ceci est dû au non-respect des règles techniques de construction et à l'utilisation de matériaux de mauvaise qualité comme la sable sale, du béton qui ne répond pas aux normes et à l'utilisation abusive de l'eau», estime-t-il.