La lancinante question du réchauffement climatique, posée aujourd'hui sur la table d'un débat planétaire à travers la conférence de Copenhague, avant d'être l'otage des intérêts opposés des ensembles économiques, est prisonnière d'enjeux économiques qui touchent et concernent communément tous les pays du globe. Il est tout à fait normal qu'une question de cette ampleur dont le caractère phénoménologique pose avec certitude la probabilité d'effets grandissants au fur et à mesure que le temps passe et que rien n'est fait pour endiguer la situation, soit une affaire globale au sens de planétaire. Ce qui n'est pas normal, en revanche, c'est qu'on veuille, du côté de ceux qui détiennent en grande partie une large part de la solution non seulement parce qu'ils sont responsables, pour la même part, du problème, mais parce qu'ils ont les moyens d'y faire face – faire endosser au continent africain, sans égard aux proportions de responsabilités et sans égard à l'indisponibilité des moyens, une charge trop lourde en matière de lutte contre le réchauffement climatique qui risque d'obérer, pour des décennies, tout effort de développement dans un continent où la question du développement est une question de vie ou de mort pour des centaines de millions de personnes. C'est en cela que la lutte contre le réchauffement climatique est l'otage d'enjeux économiques vitaux pour plus d'un milliard de la population mondiale, et c'est à travers cette perception qu'il faut sérieusement entrevoir la probabilité d'un échec cuisant de la rencontre de Copenhague si les acteurs principaux qui en fixent les grandes orientations gardent les œillères de leurs intérêts devant l'appel de l'Afrique et d'autres nations qui se trouvent dans la même situation. Tout le monde est conscient de l'enjeu de la diminution des émissions de gaz à effet de serre, mais cet effort qui devra être consenti, au prix de sacrifices économiques énormes, ne peut plus s'accommoder de monopole occidental sur les technologies qui permettent d'optimiser la gestion d'un tel processus industriel, ni ne peut, au vu de l'indigence africaine, se gérer comme on peut gérer un marché opportunément porteur de croissance. Le transfert de technologie et de savoir-faire devra se faire dans le cadre d'une éthique scientifique et humaine, et devra s'accompagner d'un soutien financier. Un continent qui a pollué à hauteur de 2% ne peut payer un prix au-delà de ce «méfait» sachant que même dans ces conditions, l'apport extérieur est indispensable, et sachant surtout que l'enjeu de la croissance africaine n'est pas un enjeu de prospérité, mais un enjeu de survie. Dans ce cas, la question du réchauffement climatique, même primordiale, devient secondaire.