Dix organisations humanitaires dont Oxfam International, Save the Children, Handicap International et World Vision, tirent la sonnette d'alarme. Redoutent un nouveau conflit au Sud Soudan qui pourrait marquer inexorablement la fin du Soudan dans ses frontières de 1956, date de son indépendance, elles demandent dans un rapport intitulé « Sauver la paix dans le Sud-Soudan » au Conseil de sécurité des Nations unies d'agir pour sauver l'accord de paix de 2005. Ce SOS lancé à trois mois des élections législatives du 11 avril prochain, les premières depuis 24 ans, et, à moins d'un an du référendum de janvier 2011, sera-t-il entendu par la communauté internationale ? Une sécession du Sud amènera une dislocation du Soudan et engendrera une instabilité régionale, préviennent les analystes, plus convaincus que jamais que l'année 2010 sera cruciale pour le plus vaste pays d'Afrique. « Quand l'accord de paix expirera dans un an, nous devons garantir que la chance d'une paix à long terme et d'un développement dans la région ne meurt pas avec lui », estime Richard Poole, le directeur des programmes d'aide humanitaire du Comité international de secours (IRC) pour le Soudan. Outre la recrudescence des violences au Sud du pays qui ont fait 2500 morts et 350.000 déplacés en 2009, soit un bilan humain plus lourd que celui de l'année passée au Darfour, les ONG font état de la montée de la pauvreté chronique, de l'absence de développement au Sud-Soudan et de tensions politiques, trois ingrédients « explosifs » qui menacent la paix. D'autant que la situation au Darfour, à l'Ouest, reste l'une des plus importantes situations d'urgence humanitaire au monde. Comme pour étayer les appels de ces ONG, les dernières violences tribales ont fait au moins 140 morts, 90 blessés et 30.000 têtes de bétail volées dans la province de Warrap, une région isolée du Sud. Selon ces ONG, la communauté internationale et les pays voisins doivent aider au dialogue entre le National Congress Party (NCP) le parti au pouvoir, et le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), avant les législatives et le référendum pour réduire l'éventualité d'un conflit. Le 13 décembre dernier, les deux partis se sont entendus sur les termes du référendum qui, en 2011, posera la question de l'indépendance du Sud-Soudan. Prévu dans les accords de paix de 2005, ce scrutin, qui pourrait donner lieu à une recrudescence de la tension, se tiendra en deux phases. La première décidera de l'indépendance ou non du Sud-Soudan qui sera reconnue si une majorité simple (50% + une voix) vote «oui» à la sécession, avec une participation de 60% des électeurs inscrits, et la deuxième devrait permettre à la région pétrolifère d'Abyei de rallier le Sud-Soudan ou de rester dans le Nord. Avant ce référendum qui pourrait signifier la fin du Soudan, le Nord et le Sud doivent, selon un conseiller du président Omar el-Béchir, Ghazi Salaheddine, s'entendre sur certaines questions cruciales. Comme la démarcation des frontières, le statut des sudistes vivant au Nord, la répartition de la dette nationale.