Pour faire face à un conflit qui semble s'enliser, les Américains battent le rappel de leurs alliés à Londres pour leur demander de serrer les coudes face à Al-Qaïda en Afghanistan et au Yémen. Une soixantaine de pays seront présents. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton, le président afghan Hamid Karzaï et le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-Moon, feront le voyage. Deux mois après avoir envoyé 37 soldats en renforts aux 113.000 qui sont déployés déjà en Afghanistan, où la souffrance des habitants atteint des niveaux insupportables, selon Comité International de la Croix-Rouge, les Etats-Unis se rendent à l'évidence. Ils ont besoin de la « coalition mondiale la plus large possible », pour mener à bien leurs missions à Kaboul.Sans ce soutien » peut on lire dans un document d'une quarantaine de pages, leur « stratégie de stabilisation régionale » dévoilée par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton le 21 janvier dernier, sera mise en échec par les hommes du mollah Omar qui selon un rapport de 23 pages établi par le général Michael Flynn, un as des services secrets de l'armée US, gagnent du terrain qualitativement et géographiquement. Un rapport de forces qui leur permet d'être courtisés et de signifier à Hamid Karzai qu'ils entendent négocier à leurs conditions. Renforts militaires, aide civile, coordination de l'effort international, gouvernance, seront les maitres mots de la conférence qui tentera aussi de préciser les modalités du transfert progressif de la sécurité aux troupes afghanes en formation. Selon un projet de communiqué, Kaboul s'engagera à «prendre en charge et mener la majorité des opérations dans les régions à risques dans les trois ans » et à assumer directement la responsabilité de la sécurité « d'ici à cinq ans ». Cet engagement contrarie l'intention de Barack Obama d'entamer un début du rapatriement à partir de juillet 2011. Un transfert des tâches de sécurité aux afghans dans les régions dites stables pourrait être envisagé dès 2011, « si les conditions sont remplies » selon le projet de communiqué. Le président afghan compte mettre à profit sa présence à Londres pour demander des fonds à son «plan de réconciliation» avec les Taliban, c'est-à-dire leur proposer argent et emplois en échange d'un abandon de la lutte armée et le retrait des noms des Taliban qui ne sont pas membres d'Al-Qaïda ou d'un autre réseau terroriste de la liste des sanctions établie par les Nations Unies. S'il est possible de parier sur la disponibilité des fonds, il le serait moins sur celle d'un « oui » des Taliban. Même les Américains évoquent depuis peu l'idée d'une «solution politique» comme en Irak. Leur parton des forces étrangères le général américain Stanley McChrystal la juge «inévitable» pour peu que les Taliban acceptent la Constitution, renoncent à la violence et rompent avec ceux qui préconisent la «reddition» des forces internationales et du gouvernement afghan. Cette délicate question de la réconciliation sera abordée par les alliés dont certains de demandent si les Taliban sont « prêts à ... participer aux élections et cesser d'assassiner leurs opposants» et le président afghan qui devra les rassurer aussi sur sa capacité à gouverner. Cinq mois après sa réélection du 20 août, il n'a pas un gouvernement complet : 14 de ses 25 ministres ont été refusés pour la seconde fois par le Parlement dont le renouvellement prévu en mai 2010 est reporté en septembre pour des problèmes d'insécurité. Huit années après les premières frappes américaines, la réalité est là. Elle est au moins contraire aux promesses.