La Grande-Bretagne, «refuge» des «extrémistes musulmans» durant les années 90, joue à l'apaisement. Aujourd'hui, elle s'érige en promotrice de la liberté du culte, encourageant l'épanouissement des minorités musulmanes sur son territoire. Cet aveu est celui d'un groupe de musulmans de diverses nationalités arabes établis au Royaume uni, invités, hier, au centre des études stratégiques du journal «Echaab». Mme Mouna Hmitouche, Algérienne membre élue au parlement britannique sous l'obédience du Parti des travailleurs britannique, M. Mohamed Ali jeune d'origine irakienne, M. Kada Ben Dekha un Algérien activant dans le secteur du management et Ayman Abdellah Saif d'origine yéménite ont été effectivement choisis par le ministère des Affaires étrangères britannique pour se rendre en Algérie afin de faire connaître le programme tracé par la Grande-Bretagne à l'égard de la communauté musulmane. Tour à tour et en réponse aux questions des journalistes, ces invités ont tenté de convaincre l'assistance que leur présence ici est «saine» et n'a aucune arrière-pensée. Ce qui les a poussés à confirmer à maintes reprises qu'ils ne sont pas là pour représenter l'Etat britannique, encore moins en être «son porte-parole». Mme Hmitouche ayant quitté l'Algérie en 1991 affirme de prime abord que la Grande-Bretagne a changé sa vision sur l'Islam et sur les musulmans après les événements du 11 septembre 2001. Mais le facteur déclenchant a été bel et bien les attentats terroristes du 7 juillet 2005 perpétrés sur ses terres. Ce qui l'a obligé à admettre que le danger sous couvert de la religion peut émaner de «l'intérieur». Elle a donc engagé un programme bien ficelé pour tenter de trouver des réponses. La solution, approcher sa communauté musulmane et lui donner la parole. Opportunité que Mme Hmitouche et ses confrères ont saisie, dira-t-elle, pour redorer le blason de notre pays sortant d'une longue tragédie nationale provoquée justement par le terrorisme. Cette cause a été vite adoptée par le peuple britannique, certifie l'oratrice qui confirme sur sa lancée que la visite du président de la République M. Abdelaziz Bouteflika en Grande-Bretagne en 2005 a beaucoup contribué à l'amélioration des relations algéro-britaniques. Interrogé sur les raisons ayant poussé la Grande-Bretagne a tiré à boulets rouges sur l'Algérie au moment où elle souffrait du terrorisme, en actionnant même ses médias contre nous, Mme Hmitouche admet qu'effectivement le Royaume uni est «aujourd'hui secoué» par rapport à ce lancinant problème, avant de lancer : «Notre présence ici, c'est reconnaître les erreurs du passé». Selon elle, «la marge de liberté» accordée par l'Etat a été exploitée négativement par des minorités contre l'Algérie durant les années 90, mais aujourd'hui, rassure-t-elle, la rue britannique adopte fort heureusement toutes les causes justes. M. Mohamed Ali a, quant à lui, fait savoir que la question inquiétante présentement est celle de la prolifération des groupes extrémistes et de l'islamophobie notamment au niveau des universités. En somme, résument les invités du forum Echaab, leur rôle est celui de faire le trait d'union entre l'Etat britannique et la communauté musulmane en lui proposant des mécanismes adaptés à leur mission, puisqu'ils se qualifient «d'ambassadeurs de l'Islam».