La dernière sortie médiatique de Mahmoud Abbas sur l'Iran pose moult questions sur son timing. Au moment où la Ligue arabe prépare son sommet du 27 au 28 mars prochains en Libye et les Américains et les Européens dénoncent avec virulence la «très négative» décision du gouvernement de Netanyahu de construire des colonies dans la partie orientale d'El Qods occupée depuis juin 1967 et attendent de ce dernier qu'il relance «immédiatement» les négociations de paix s'il veut «éviter un échec définitif des efforts de réconciliation», le président de l'Autorité palestinienne lance un pavé dans la mare. Il accuse l'Iran d'être derrière l'échec de la réconciliation entre le Fatah et Hamas qui portait entre autres sur l'organisation des élections présidentielle et législatives en juin prochain. Selon lui, le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir à Ghaza en juin 2007, a opéré un «revirement» en invoquant de faux «des prétextes», après avoir donné son approbation pour la signature du document scellant la réconciliation. Raison de cette volte-face qui a mis en échec des mois de tractations ? «L'Iran n'en voulait pas», dit-il avant de révéler le contenu de sa mission : arracher le peuple palestinien à la tutelle iranienne. Sur le volet israélo-palestinien, M. Abbas se veut rassurant. «Les Palestiniens, dit-il, ne céderont pas sur leurs droits» tant sur El Qods que sur la question du retour des réfugiés. «Il n'y aura pas de négociations ni directes ni indirectes avant l'arrêt des mesures de colonisation», dit-il avant de rappeler que cette décision a été prise par le comité de suivi de la Ligue arabe qui regroupe 13 Etats, dont l'Algérie. Après des dizaines de tête à tête et des autant de réunions avec les Israéliens et les Américains, le président palestinien réalise qu'«Israël ne veut ni de la paix ni d'une solution au conflit, en menant constamment des actions de provocation telles les colonisations incessantes et la judaïsation des lieux saints». L'Autorité palestinienne a beau accueillir avec satisfaction les condamnations par la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et le Quartette de la dernière décision du gouvernement israélien, la réalité est là : «Les Etats-Unis n'ont pas de meilleur ami qu'Israël au Moyen- Orient» et entre les deux pays «il n'y a pas de place pour les désaccords». Ces vérités ont été dites par Joe Biden qui a «apprécié» les clarifications de Benyamin Netanyahu sur «l'annonce de la construction de 1 600 nouveaux logements» au mauvais moment c'est-à-dire lors sa visite au Proche- Orient pour convaincre les Israéliens que la paix avec les Palestiniens est «profondément» dans leur intérêt et donc, des Etats-Unis car «le statu quo n'est pas viable». Selon le vice-président américain qui a été empêché de «donner le top départ, à quatre mois de négociations indirectes «la croissance démographique arabe menace Israël de ne plus être un Etat juif» d'où l'urgence de relancer les négociations de paix «compromises» par les dernières mesures israéliennes et la colère de la Maison-Blanche qui a souligné aux Israéliens la profonde inquiétude du gouvernement Obama quant à l'avenir de ces pourparlers qu'il peinait à relancer depuis plus d'un an. Le comité de suivi de la Ligue arabe qui se réunira le 20 mars au Caire pour préparer un dossier «global» au sommet arabe proposera-t-il un retrait de l'offre de paix arabe ou aidera-t-il le Nobel de la Paix 2009 à renouer le fil du dialogue entre Palestiniens et Israéliens qui ne semblent pas disposés à parler de paix avant d'en finir avec les 270.000 résidents arabes d'El Qods ?