La Ligue arabe a consommé, hier, ses dernières illusions. Elle vient de subir dans le sommet d'El Qods ses limites. En mal de réformes, longtemps et longuement revendiquées par l'Algérie, le constat de faillite a été établi à l'ouverture du sommet par l'Emir du Qatar, Hamed Ben Khalifa, et relayé par le leader libyen, Mouamar El Kadhafi. Un constat d'échec manifesté par le départ précipité du Tunisien Zine El Abidine, du Soudanais Omar El Béchir, et d'autres dirigeants arabes. De ce fait, la décision de tenir un sommet extraordinaire avant la fin du mois d'octobre consacrée aux réformes de la Ligue s'impose d'elle-même. Dans la déclaration de Syrte, la question centrale de la modernisation de la Ligue arabe et de ses institutions a pris une grande part des préoccupations des dirigeants arabes (voir ci-contre) soucieux de s'inscrire dans une démarche cohérente et efficace pour se prémunir des nombreux défis qui se posent à la nation arabe. Le poids des divergences a lourdement pesé sur le sommet qui a insisté sur l'attachement à la solidarité et la promotion du dialogue pour mettre fin aux conflits. Le Conseil de paix et de sécurité est ainsi appelé à connaître une évolution et une amélioration de ses mécanismes de décision. Tout naturellement, le «sommet d'El Qods» ne pouvait éluder la terrible épreuve palestinienne. Il a réaffirmé le caractère indivisible des territoires palestiniens occupés depuis 1967. «Toutes les mesures prises par les forces d'occupation israéliennes sont injustes et dénuées de tout fondement juridique», lit-on. Sous l'égide de la Ligue arabe, un congrès international, impliquant une large participation des Etats arabes, des organisations syndicales et de la société civile, est prévu cette année pour la défense et la préservation d'El Qods à tous les niveaux. En outre, la déclaration de Syrte souligne la nécessité d'un soutien aux efforts de réconciliation palestino-palestinienne. Face aux multiples violations et la poursuite de la politique d'agression menées en toute impunité par Israël, les dirigeants arabes ont souligné que «la paix juste et définitive au Moyen-Orient ne peut se réaliser qu'à travers un retrait total des territoires palestiniens et arabes occupés, y compris le Golan et la région du Sud Liban». A l'heure du défi mondial israélien, indifférent à la condamnation unanime de la communauté internationale, le sabordage en règle du processus de négociation a clairement montré la nature de la menace qui plane sur la paix et la sécurité dans la région. Elle est autant le fait de «l'immunité» israélienne, forte de la duplicité et de la partialité des grandes puissances, que de l'impuissance du monde arabe laminé par des divergences marginales. En Irak, la dynamique de stabilisation, enclenchée par le retour aux urnes, a satisfait aux fondamentaux de la «pratique démocratique» de nature à favoriser la réconciliation irako-irakienne et les intérêts nationaux, au moment où l'Irak s'apprête à récupérer sa souveraineté confisquée. Les autres crises locales, au Soudan, aux Comores et en Somalie, ont été abordées. En définitive, la déclaration de Syrte accorde un intérêt particulier à la coopération arabo-africaine qui fera l'objet d'un sommet en Libye à la fin de l'année 2010.