La mise au point se doit d'être clairement annoncée. A la veille de la rencontre avec Obama, organisée «à un moment crucial», la sortie du président égyptien, Hosni Moubarak, a remis les pendules arabes à l'heure des supputations et des pressions pour une normalisation sans frais avec Israël. Dans une interview accordée à El Ahram, il a conditionné toute normalisation par la conclusion d'un accord de paix équitable. Cette exigence est légitimée par les ratages des pourparlers engagés depuis la conférence de Madrid, en 1991, qui ne sont pas de nature à encourager une telle issue récemment souhaitée par l'émissaire américain Georges Mitchell appelant en conséquence les Etats arabes à prendre «des mesures concrètes». A quel prix et pour quel objectif, au regard de la persistance du déni colonial dans la Palestine et les territoires arabes occupés ? Pour la première fois depuis 2004, le déplacement de Moubarak à Washington se veut certes l'expression d'une volonté d'amélioration des relations et le retour de la confiance, ternie par l'alignement inconditionnel et la flagrante partialité de l'administration républicaine au côté de son allié stratégique. «Nous vivons aujourd'hui un moment que je qualifierais de moment Obama», se plait à dire Abdel Moeim Saïd Ali, le directeur de l'influent centre El Ahram pour les relations politiques et stratégiques. Mais, l'optimisme est loin d'être partagé par l'ancien secrétaire d'Etat adjoint pour les affaires du Proche- Orient ayant servi comme ambassadeur en Egypte, Edward Walker, jugeant plutôt «prématuré» l'effet d'annonce d'une nouvelle initiative. Une initative fortement attendue qui se justifie par l'effet Obama et sa nouvelle vision accordant une priorité absolue à la recherche d'un règlement définitif de la question centrale du Proche-Orient et prônant la nécessité d'un rééquilibrage de la politique américaine dans la région. Les promesses du discours du Caire, prononcé il y a 3 mois, n'ont pas longtemps tenu au contact de la réalité du terrain reflétant la volonté israélienne de poursuivre le programme de «croissance naturelle» dénoncé par Obama et objet d'une tension accrue dans les relations entre Washington et Tel Aviv. Une brouille passagère sans conséquence aucune les perspectives de relance des négociations de paix dans ce véritable marché de dupes. «C'est une tentative d'appréhender les problèmes de la région et c'est une bonne chose, estime le président égyptien dans une interview à la chaîne de télévision publique américaine. Cela vaut bien mieux que de prendre une décision sans rien écouter des inquiétudes d'un pays». A l'épreuve des colonies dites illégales, la nouvelle administration démocrate est placée devant le choix et l'engagement réel pour une paix totale et définitive. «Au lieu de dire d'arrêter la colonisation, ce que nous avons entendu de nombreuses fois depuis plus de 10 ans sans qu'elle s'arrête, nous devons considérer le problème de façon holistique et négocier la solution finale», souligne Moubarak. Cette qui reste fondamentalement incompatible avec la survivance du système colonial et expansionniste, comme elle l'est dans le maintien de la menace nucléaire d'où qu'elle vienne, C'est pourquoi, la tentative d'impliquer Le Caire dans la mise en place d'un «parapluie nucléaire», suggérée par Hillary Clinton, a été catégoriquement rejetée par refus de cautionner l'existence d'une puissance nucléaire régionale qu'elle soit iranienne ou israélienne. Par-delà les fondamentaux stratégiques, le choix de la paix équitable passe nécessairement et inévitablement par la satisfaction des droits inaliénables de tous les peuples de la région à la liberté et au respect d'une existence souveraine qui constituent le socle inébranlable de la normalisation collective. Car, qui d'Israël ou des Etats arabes doit assurer une normalisation avec la légalité internationale, les principes de justice et de cœxistence pacifique ?