Sur les onze candidats à la présidentielle prévue le 11 avril prochain, cinq ont décidé de se retirer de la course. D'autres, comme Fatima Abdel Mahmoud, la première femme à briguer la présidence du Soudan, pourraient les rejoindre. «S'il y a une élection, ce sera une catastrophe pour le Soudan», prévient Farouk Abou Issa, porte-parole du «consensus national» réaffirmant «l'importance d'un report des élections jusqu'en novembre pour tenir des élections libres et justes». Sadek el-Mahdi et Moubarak el-Fadil, du parti Oumma, Ibrahim Nougoud, du Parti communiste, et Hatem el-Sir, du Parti unioniste démocrate (DUP), se sont retirés «provisoirement» de la course à la présidentielle, la première pluraliste depuis 1986. Ils accusent de partialité la commission électorale et estiment que le parti du président Béchir se prépare à bourrer les urnes. «Les forces du Consensus national ont décidé de rejeter les élections à tous les niveaux», déclare Mariam al-Mahdi du parti Umma, à l'issue d'une réunion de l'opposition à Omdurman, persuadé qu'«un simulacre d'élection causera plus de problèmes qu'autre chose au Soudan». Mohamed Zaki, le chef de cabinet de Sadek el-Mahdi, n'exclut pas une révision de cette décision si «le gouvernement accepte de renouveler les membres de la commission électorale nationale et de prendre en compte leurs plaintes sur des pratiques frauduleuses constatées dans les préparatifs du scrutin». Le Mouvement populaire de libération du Soudan (ex-rebelles sudistes), qui a annoncé déjà le retrait «définitif» de son candidat de la présidentielle Yasser Arman n'exclut pas de participer aux législatives et aux régionales, sauf dans la région du Darfour. «J'ai pris la décision de me retirer pour deux raisons. Premièrement, après avoir fait campagne au Darfour, je me suis rendu compte qu'il était impossible d'y tenir des élections en raison de l'état d'urgence en vigueur. Deuxièmement, il y a des irrégularités dans le processus électoral qui est truqué», dit-il estimant comme les quatre candidats pour cette «élection présidentielle est conçue pour sauver le général Béchir de la Cour pénale internationale». Des candidats encore en lice, seul Hassan al-Tourabi, du Parti du Congrès populaire, est un poids lourd. «Notre parti a besoin de prendre part aux élections même si elles sont imparfaites. Mieux vaut quelque chose que rien», explique l'islamiste. Selon les analystes, après le retrait des sudistes, il pourrait «menacer» la victoire d'Omar El Béchir et de son Parti du Congrès national, au pouvoir depuis le coup d'Etat militaire qu'il a organisé en 1989 avec le soutien des «islamistes». Ces retraits pourraient compromettre a crédibilité de ces élections et remettre en cause le «vital» accord de paix conclu en janvier 2005 entre le Nord et le Sud après plus de deux décennies de guerre. Notamment la tenue du référendum qui doit permettre au Sud de décider s'il fait sécession vis-à-vis du Nord. «Si le SPLM rejette les élections, nous allons rejeter le référendum», avait prévenu M. Béchir, en précisant que si la consultation devait mener à l'indépendance du Sud, il préférait l'annuler. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège, garants des accords de paix, tentent de sauver le scrutin. Hillary Clinton, David Miliband et leur homologue norvégien Jonas Stoere invitent, dans un communiqué commun, «le gouvernement, la commission électorale et les partis en lice à coopérer sans délai à la résolution des problèmes administratifs et logistiques».