Parler de boulisme, de jeu de pétanque plus exactement sans citer le nom de Ahmed Sennia, c'est assurément faire preuve d'un réel non sens et manquer de respect à l'histoire du sport algérien. Né le 7 mai 1933 à Saint Eugène (Bologhine) et décédé en 1985 des suites d'un infarctus, il est le 1er champion du monde, toutes disciplines sportives confondues. En effet, le regretté Ahmed Sennia qui a passé le plus clair de sa vie à Surcouf (du côté de Aïn Taya) a réussi aux côtés de ses compatriotes Ahmed Farrah et Boualem Gourab, a remporter en 1965 à Genève (Suisse) le titre mondial de pétanque (triplette) en battant en finale le Maroc sur le score de 15 à 9. Membre et leader incontesté de la sélection nationale de 1963 à 1965, Ahmed Senia est venu comme ça presque par hasard au boulisme. C'est en 1954, alors qu'il passait son service militaire à Constantine qu'il se dirigera pour la première fois vers un boulodrome, étant chauffeur d'un officier féru du jeu en question. Pris à son tour par la passion des boules, Ahmed Sennia se mettra timidement de la partie. Pour un coup d'essai, ce fut réellement un coup de maître. D'emblée, il monte des qualités innées qui ne trompent pas. Sans expérience aucune, il épate par son adresse, son habileté et sa grande concentration. En 1956, alors qu'il venait d'accomplir son service militaire, Ahmed Sennia, dont la carrière sportive est déjà toute tracée, rejoint la localité de Surcouf où il continue de s'adonner à sa nouvelle passion sous la férule d'un certain duo Khelil Guechri-Boualem Gourab qui étonnés par son talent naissant, le prennent sous leur aile et le couve d'un soin particulier. Avec une ambition de réussir qui l'a déjà habitée, Ahmed Sennia, se montre de plus en plus d'une efficacité rare y compris devant les meilleurs spécialistes français pour lesquels il ne nourrit aucun complexe. Au lendemain de l'Independance, Ahmed Sennia ne cache pas sa soif de victoires. Conditionné au maximum par le «virus» du jeu, il devient imbattable. Avec Ahmed Farah et Boualem Gourab, il remporte haut la main en 1964, les championnats d'Algérie à Constantine et du monde à Genève. A son remarquable talent sportif, le regretté Ahmed Sennia ajoute une redoutable combativité. Il ne s'avoue jamais battu, y compris dans les situations les plus délicates. «Mon regretté père, était mondialement réputé pour être un très bon tireur et un styliste particulier. Totalement obsédé par la passion, il jouait aux boules même à la maison» dira son fils aîné Halim, lui aussi un ancien adepte de la pétanque et actuel gérant d'une grande société d'entretien et de nettoyage. Successeur tout désigné de son paternel, Karim le frère cadet qui a longtemps joué aux côtés de son père et a également fait partie de l'équipe nationale, a failli refaire le coup de son père. Il ne ratera vingt ans après (1984) le titre mondial qu'en finale devant le «Marocain Mohamed Kouider, celui là même qui a été battu par le regretté Ahmed Sennia. Possédant un palmarès exceptionnel, Ahmed Sennia, a démontré que la pétanque est un art, un jeu qui privilégie également la beauté du geste, l'élégance et surtout qui honore l'esprit sportif, le fair-play.