Photo : Fouad S. Le marché du gaz sera pour quelques années encore marqué par des « incertitudes », a déclaré, hier, un cadre de Gaz de FranceSuez, Philip Olivier, dans une intervention lors de la 16e conférence internationale sur le GNL dont les travaux ont débuté hier à Oran. Dans un exposé sur « les marchés du gaz dans un contexte de crise », l'intervenant a fait remarquer que l'année 2008 a vu le lancement de nouveaux projets de liquéfaction pour atteindre un niveau de production de 500 millions de tonnes par an en 2020. Mais en 2009, crise mondiale oblige, « des projets ont été abandonnés », explique-t-il, car il y a « beaucoup d'incertitudes sur la demande ». Il faudra donc attendre « trois à quatre ans pour retrouver le niveau de demande de 2008 ». Seulement 1,6 % de croissance en demande de gaz est attendue pour 2014-2014. Le marché du gaz a, rappelle-t-il, souffert d'un « excès d'offre qui a été absorbé par des achats en vue d'un stockage sous-terrain ». Et heureusement que ce surplus a été absorbé par « une demande supplémentaire venant d'Inde et de Chine », précise-t-il. De plus le marché devra composer avec les nouveaux gaz non conventionnels des USA surtout qui signifient une baisse de la demande en GNL, selon les spécialistes. Et la montée de nouveaux exportateurs comme le Yémen et l'Angola, deux pays qui se sont rapprochés du Forum pour assurer leur place parmi les gros producteurs et exportateurs de gaz est à prendre en compte. A titre de comparaison, l'Angola connu pour être un pays pétrolier, va au cours du premier semestre 2012 figurer parmi les exportateurs. Une première cargaison va être acheminée vers les USA et les contrats « sont déjà signés depuis longtemps », nous a assuré un responsable angolais. L'Angola a un niveau de production de 5,2 millions de tonnes par an, ce sont des «gaz associés». Les études pour le développement d'autres gisements sont déjà en place depuis 2006. Quant au Yémen, autre nouveau producteur, son ministre de l'Electricité et du Gaz, Awad Said Socotri, n'a pas caché les ambitions de son pays-avec des capacités de plus de 4 millions de tonnes-de devenir un acteur du marché gazier, deux bassins à fort potentiel sont déjà identifiés. «LE PRIX EST UN ACCORD ENTRE L'ACHETEUR ET LE VENDEUR» De son côté, la Russie qui assure 30 % des approvisionnements de l'Europe verra ses niveaux passer « à 30 % d'ici 2030 », selon M. Alexandre Egorov, l'ambassadeur russe à Alger. Il a remplacé son ministre de l'Energie, Chmatko à la cérémonie d'ouverture de la conférence sur le GNL 16. La Russie va renforcer la diversification de ses marchés vers l'Asie et le Pacifique, ajoute-t-il, grâce au projet Sakhaline II. Elle développera ses gisements avec des grandes entreprises telles Total, Statoil. L'entreprise russe Gazprom a constitué un holding à cet effet, avec ces dernières compagnies. Le Qatar quant à lui, a été interpellé sur sa pratique des prix sur le marché, par les conférenciers. Selon un responsable de la compagnie qatarie qui a donné une conférence sur le sujet, « le prix est un accord entre l'acheteur et le vendeur », « nous essayons d'obtenir bien entendu les meilleurs prix », se défend-il. Son pays met 10 cargaisons par an sur le marché spot. Sa politique commerciale n'a « aucune influence sur le marché spot », ajoute-t-il. Tous les volumes sont vendus « bien avant la production », selon lui. Le Qatar réserve les 2/3 de sa production à l'exportation, ce qui donne du poids à ce pays sur le marché et assure à l'ensemble des partenaires la défense d'un prix juste. LE 4e TRAIN GNL DE SKIKDA SERA LIVRÉ PROCHAINEMENT Au-delà du débat sur les prix, une intervention a été faite par un représentant de la société KBR sur la nouvelle réalisation de la centrale GNL de Skikda. Le 4e train qui sera livré prochainement aura une capacité de production de 4,5 millions de tonnes/an de GNL. Le projet a été conçu avec «de nouvelles innovations», le sol étant « très liquéfié ». Les organisateurs de la 16e Conférence qui ont pu tenir les travaux le jour J vont faire l'essentiel. Sur les 300 propositions d'intervention, 47 communications ont été retenues mais «seuls cinq intervenants sont là», a dit M. Alain Goy, vice-président de la commission des programmes de la 16e conférence.