L'association machaâal Echahid n'a jamais voulu confiné ses activités dans la capitale ou elle présente souvent des hommages et des débats autour de la Révolution au Forum d'El Moudjahid. Après d'autres villes, elle vient de faire un détour par Naama. On connait certes cette région ou dans les années 1880, cheikh Bouamama dirigea une insurrection contre les forces françaises. Ce n'est pas pour célébrer cette épopée que l'association a organisé dans la matinée du jeudi à la maison de la culture une rencontre autour des mines. C'est le wali M Hamidou qui a ouvert les travaux dans une salle ou prirent place des élus locaux, des victimes et quelques stagiaires d'un centre de formation professionnelle. La région, frontalière du Maroc a été traversée par la ligne Morrice et Challe. Entamée en 1956, la construction de cette double rangée de files électrifiés qui courait sur les frontières ouest de Marsat Ben M'hidi jusqu'à Bechar visait à empêcher le passage des moudjahidines de L'ALN et des armes en provenance du Maroc. Jusqu'à présent l'explosion de certaines mines anti personnelles continue à faire épisodiquement des victimes. Le colonel Hassan Ghorabi a rappelé que «la France a disséminé plus de onze millions de mines jusqu' à la veille des accords d'Evian et la population a payé le prix fort avec le recensement de 3236 victimes». Le ministère des Moudjahidines verse aux victimes et aux ayant droit des pensions dont le montant s'élève à un peu plus de 12 Millions de DA. Une ordonnance de 1974 avait précisé les droits de ces victimes. Les ordres de grandeur font froid dans le dos. 1, 3 mine par habitant en 1962 et une à quatre mines dans un mètre carré dans les localités frontalières ou l'on ne compte plus les mutilés. UNE VOLONTÉ ET UN SOUCI Le représentant du ministère de la défense nationale a mis en exergue le rôle de l'ANP dans le nettoyage des zones minées entamé dés 1963. « Deux bataillons ont été créés et implantés à Maghnia et la Calle pour assurer cette mission». L'opération de déminage menée entre 1963 et 1988 a permis la destruction de prés de 8 millions de mines et le nettoyage de 50. 006 hectares rendus à leur vocation initiale. Dans les années 70 les Russes avaient apporté une aide. L'action a été redynamisée le 27 novembre 2007 dans le sillage de l'adoption par l'Algérie de la convention d'Ottawa en décembre 2001. Les résultats obtenus traduisent la volonté et le souci de l'Algérie de proscrire ces armes. Selon le colonel Ghorabi « 14 opérations de destruction du stock de l'ANP ont été déjà menées. L'ANP ne gardera que des quantités limitées (6000 unités ) nécessaires à la formation et un travail de sensibilisation sur les dangers des mines est en cours avec l'association Handicap international » a-t-il ajouté. En plus du stock de l'ANP, l'enlèvement et la destruction de mines datant de la période coloniale ont continué. Au 31 mars précisera l'officier supérieur 450 .753 ont été neutralisées. Chaque mois d'Avril, l'Algérie émet un rapport et celui d'Avril 2010 a été déjà transmis. D'ici le 30 Avril 2012, notre pays devra s'être débarrassé des mines » a indiqué l'officier supérieur de l'ANP. Le peuple français était complice L'exposé d'Abdelmadjid Chikhi, directeur des archives nationales était un procès en règle de la colonisation française. «Poser des mines sur un territoire dont les autorités coloniales prétendaient qu'il relevait de l'ordre juridique interne dénote une intention criminelle». «C'est un crime de guerre et un crime contre l'humanité en ce sens que les effets de cette action ont continué même après la fin des combats » dira-t-il. S'en prenant tout à la fois à Bossuet, Hugo et Lamartine qui ont tous selon lui encensé le colonialisme de l'Algérie, il mettra en garde contre l'amnésie. «Les peuples ont aussi leurs responsabilité» conclura-t-il en rappelant «la joie des français toutes catégories confondues le jour ou les soldats prirent le départ du port de Toulon en direction de Sidi Fredj en 1830 ». Il a de nouveau estimé que « les cartes sur l'emplacement de ces mines remises en 2007 ne sont pas d'une grande utilité parce que la terre a depuis connu des mouvements qui rendent le repérage aléatoire » .Un court documentaire de L'ENTV et une intervention du professeur Zeghidi (université de Constantine) ont davantage mis en lumière cette facette de la politique coloniale qui a aussi des retombées sur le plan économique. Cette manifestation vise selon le président de l'association M. Abed à « lever davantage le voile sur cette forme de guerre coloniale et à rappeler à l'Etat Français ses responsabilités dans la prise en charge et l'indemnisation des victimes». L'association envisage d'organiser des manifestations tournantes à travers les régions touchées par cette effroyable tragédie qui dénote le c caractère inhumain du colonialisme qui n'a nul droit de proclamer une quelconque vertu.