C'est devenu systématique. A chaque fois qu'un journaliste tente de contacter, ou de s'entretenir avec un directeur ou un responsable d'une administration publique, la secrétaire ou le gardien, et c'est malheureusement souvent le cas, répondent ou bien par un «il est en réunion» ou par un «il est absent». Pas la peine d'insister ou de revenir car les responsables, du moins la majorité d'entre eux, sont trop occupés pour recevoir un journaliste. Pourtant, ce sont ces mêmes responsables qui font appel aux journalistes lorsqu'il s'agit de dresser leurs bilans par exemple. Un correspondant d'un quotidien arabophone nous a fait part de son calvaire lorsqu'il approche un directeur ou un cadre d'une direction : «J'ai cinq ans de métier et je crois que c'est devenu pire qu'avant. Pour approcher un responsable il faut attendre une sortie officielle du wali par exemple, ou bien la visite d'un Ministre, sinon c'est devenu impossible de décrocher un rendez-vous. On nous dit qu'il faut passer dans trois ou quatre jours, le directeur est trop occupé, et dans ce cas qu'est ce que je vais pouvoir écrire? Aujourd'hui ils nous convoquent uniquement lorsqu'ils veulent communiquer des bilans, des chiffres, à part ça ils se détachent de plus en plus de la presse. Même leurs services de communication ne communiquent pas». Tiens donc, les services de communication ! En réalité, ces cellules sont quasiment absentes de toute activité et on se demande à quoi peuvent-elle servir, si elles ne donnent ni information, ni précision. Les personnes qui y travaillent sont plus des employés de bureau qu'autre chose, alors que normalement elles sont censées connaître tous les rouages de l'administration. Elles ont aussi l'obligation de recevoir, d'orienter et d'informer les journalistes. Et ce n'est vraiment pas le cas. On continue donc de se méfier de la presse, mais jusqu'à quand? Car, c'est ce manque de communication qui conduit au dérapage langagier de certains journalistes. A défaut de détenir des sources officielles, pour remplir les colonnes de leurs journaux, ils tirent sur les responsables et leurs administrations. Les exemples sont nombreux, et souvent des journalistes mal encadrés vont jusqu'à avoir de l'hostilité et de la rancune envers des responsables. Nous avons ainsi posé la question au maire de Constantine, M. Chibane de savoir s'il est au courant ou pas de cette transparence de l'administration. Non, répond-t-il, mais, il nous a assuré que sa cellule de communication fait son travail et accueille les journalistes à n'importe quel moment. Ce maire connu pour son franc- parler, a été maintes fois attaqué par quelques journalistes, généralement de la presse régionale. Cela traduit peut être l'esprit rebelle de certains journalistes qui se sont habitués à ne plus consulter les directeurs, préférant se faire communiquer des informations de sources «officieuses» d'une personne travaillant à l'intérieur de l'administration. Cela aussi mène à la confusion dans les informations, et il faut avouer qu'il y a danger car c'est une pratique assez courante.