Photo: Lylia M. « Nous sommes terrassés par le flot d'accidents qui sont déclarés aux assurances », a observé hier le président de l'UAR (Union des assureurs et réassureurs) lors d'une conférence de presse sur les résultats du 4e trimestre du marché des assurances. M. Latrous qui est également PDG de l'une des plus grandes sociétés d'assurances, la SAA, a reconnu que la branche automobile connaît des difficultés depuis un moment tout en excluant toute idée de relèvement de la prime d'assurance. «Le gouvernement n'est pas près de vous suivre», dira-t-il pour répondre aux propos des représentants de compagnies qui auraient formulé une proposition dans ce sens. De plus, «l'UAR n'a pas fait de démarche dans ce sens», explique-t-il, «encore faut-il que nous ayons des arguments solides à présenter (au gouvernement)». Cela ne signifie pas que l'on abandonne cette revendication, les assureurs « continuent de plancher au sein de l'UAR sur ce dossier », rassure-t-il. Pour mieux situer la difficulté pour les compagnies d'assurance de revendiquer aujourd'hui une nouvelle augmentation, M. Latrous rappelle que le gouvernement a déjà accordé, il y a quelques années, une augmentation de 20 % échelonnée en deux ans de la prime d'assurance obligatoire. Le déficit de la garantie obligatoire n'a été atténué que «grâce aux garanties facultatives souscrites par le client et qui représentent les 78 % de la prime», précise-t-on. Les remboursements liés à la filière assurance automobile pèsent beaucoup dans le déficit des compagnies d'assurance mais rien ne justifie les retards. «Il y a un délai strict et des pénalités en cas de retard», les assurés «sont tenus de nous écrire» en cas de refus, martèlent M. Latrous, son nouveau viceprésident, Bala Tahar et le SG du Conseil national des assurances, Bouabdellah. Pour revenir à cette question des sinistres, il faut savoir qu'une entreprise d'assurance à elle seule enregistre « 600.000 déclarations liées aux accidents de la route» et les montants alloués aux remboursements avoisinent « les 6 milliards DA». Cela n'empêche pas les assureurs à s'engager via leur organisation à une volonté de « renforcement du degré moralisation de l'activité » et surtout à une lutte contre la fraude et pour laquelle, ils ont créé, il y a peu de temps, une filiale, l'Agence de lutte contre la fraude à l'assurance (ALFA). «NOUS MANQUONS D'AGRESSIVITÉ PAR RAPPORT AUX COMPAGNIES DU TÉLÉPHONE MOBILE» Les compagnies d'assurance qui ont appelé les médias à les « aider à développer la culture d'assurance » ont compris que l'on ne peut réussir sans effacer l'image de non transparence qui entoure les relations assuré-assureur. Des produits telles l'assurance catastrophe naturelle, pourtant obligatoire, «nous n'avons pu la développer», reconnaît M. Latrous. Il avoue que les «compagnies d'assurance n'ont pas été capables d'agressivité comme l'ont été celles du téléphone mobile». Il faut toutefois nuancer un peu puisque certaines pratiques aussi sont responsables de pas mal de lenteurs comme cette disposition qui « oblige tout sinistre qui dépasse les 30.000 DA à une contre-expertise», explique un agent des assurances. Aujourd'hui la moindre égratignure dépasse cette somme... Cela dit, et malgré cette morosité, les responsables du secteur se disent optimistes et comment ne pas l'être lorsqu'on réalise « un taux de croissance à deux chiffres dans une conjoncture de crise», pour reprendre le patron de l'UAR. Un chiffre d'affaires de près de 13% a été réalisé en 2009 malgré un véritable sinistre dans le secteur agricole qui reste peu développé. Le taux de pénétration en matière d'assurance, quoique le plus faible au Maghreb, passe de 0,64 % en 2008 à 0,75 % en 2009. C'est vrai, la baisse du Pib y est pour quelque chose. Enfin, il est utile de noter que le marché des assurances reste dominé par les entreprises dites traditionnelles telles la SAA, la CAAR, la CAAT, la CNMA qui détiennent, selon des chiffres officiels, les 65 % de parts, le reste revenant au privé.