Résumé de la 87e partie n L'avocat de Lamson jubile : il a déstabilisé le professeur Stevenson en contestant ses analyses. Il a réussi aussi à gagner le public. Les 13 et 14 mai sont consacrés au plaidoyer. L'avocat de Lamson, Montagu Williams, est serein. Certes, il sait que les résultats de l'enquête désignent son client comme coupable, mais il a réussi à semer le doute : il a contesté les analyses chimiques de Stevenson, une sommité de la toxicologie anglaise. Il se tourne vers le jury. — vous avez écouté les résultats des analyses du professeur Stevenson qui a cherché à vous persuader de la culpabilité de mon client. Vous avez écouté l'exposé du professeur Tildy qui vous a démontré les erreurs possibles que le premier a pu commettre. Il ne s'agit pas seulement de deux points de vue différents, mais celui du professeur Tildy est argumenté et s'appuie sur des découvertes récentes ! Il s'arrête un moment. — d'ailleurs, le professeur Stevenson lui-même a admis que la question de la formation des alcaloïdes dans les cadavres est une question ouverte. Je vous demande, quand vous allez statuer sur le sort de mon client, d'avoir à l'esprit qu'il peut être innocent, que le poison retrouvé dans le corps du malheureux beau-frère est peut-être de formation naturelle… Alors, je vous en conjure, ne commettez pas d'erreur ! Il s'arrête encore et reprend dans un silence religieux : — Pouvez-vous admettre que la mort de Percy a été provoquée par l'aconitine ? Toute analyse honnête des éléments de cette affaire doit faire la part de ce qui est certain et de ce qui demeure sujet à caution. Avant d'arriver à la conclusion qu'un empoisonnement à l'aconitine a entraîné la fin malheureuse de Percy, il semble indispensable d'éliminer tous les doutes. Dans ce cas précis, les preuves sont-elles vraiment incontestables ? En raison de ce dilemme, ne vous faut-il pas plutôt prononcer le seul jugement équitable qui dit : manque de preuves suffisantes ? Dans son réquisitoire, le procureur admettra que l'avocat de Lamson a réussi à semer le doute et que, effectivement, la question de la formation d'alcaloïdes naturels dans le corps humain est une question ouverte, mais il rappellera que les résultats de l'enquête policière montre clairement la culpabilité de Lamson. Il rappelle surtout que Lamson est un escroc et morphinomane et qu'il a des raisons de vouloir la mort de son beau-frère ! «On vous a dit, déclare-t-il en s'adressant au jury, que les résultats des expériences médicales et scientifiques relèvent du domaine des spéculations. Ceux qui partagent ce point de vue offrent à chacun de nous la possibilité de tuer… Le criminel n'aura qu'à choisir un poison inconnu, et il sera sûr d'échapper au châtiment.» Le 14 mai, le jury se retire pour délibérer. Il ne lui faudra que trois quarts d'heure pour rendre son verdict. Le jury revient et remet un papier au président. «coupable», dit le président. Ainsi, en dépit du doute jeté dans les esprits, le jury n'a pas tenu compte de la plaidoirie de Williams. Il a préféré s'appuyer sur l'enquête policière. Quatre jours avant son exécution, Lamson a avoué son crime. (à suivre...)