En Angleterre, la première mention écrite d'un toucher royal, est due à Pierre de Blois. Dans une lettre qui date de 1182, il signale que le roi d'Angleterre, Henri II, avait guéri des malades atteint de peste noire et d'écrouelles. Mais on pense que ce témoignage est peu sûr puisque, à l'époque, on n'avait pas signalé de peste noire. Les pouvoirs d'Edouard le Confesseur sont mieux établis. Nous avons déjà cité le texte où Shakespeare nomme ce roi. Le rituel, qui remonte à une époque lointaine, a été christianisé : il comporte, outre le toucher, le signe de la croix. On prête à Saint-Louis des paroles murmurées au cours de la cérémonie, sans doute s'agissait-il d'une prière. Ce n'est qu'à partir du XVIe siècle que la formule célèbre : «Le roi te touche, Dieu te guérit !» est attestée. C'est à cette époque également que l'on remettait une pièce de monnaie au malade touché. A l'origine, les malades se présentaient à tout moment, puis, le nombre devenant important, on dut fixer des journées, notamment les jours de fêtes, comme Pâques. Mais certaines journées, comme celles qui suivent le sacre d'un roi, étaient recherchées. André de Laurens, médecin du roi Henri IV, écrit dans un ouvrage consacré au toucher royal, que c'est l'imagination (entendre, en langage moderne, la suggestion) et non quelque pouvoir du roi, qui agit. Les rois français et anglais ont utilisé ce pouvoir qu'on leur prêtait pour se faire passer pour les intermédiaires de Dieu sur terre. On sait que Montaigne insistait sur le rôle de l'«imagination» dans les processus de guérison. «C'est un grand ouvrier du miracle que l'esprit humain», écrivait-il.