Investissement En organisant la CAN 2004 et en mettant le paquet pour réussir la plus grande et la plus médiatisée des manifestations du continent, les Tunisiens ne cherchent pas à faire des bénéfices. C?est ce que confirme le responsable des finances et du sponsoring du Cocan, Kamel Ben Amor, qui confirme que la CAN ne sera pas rentable, mais que le budget consenti par l?Etat tunisien, à savoir 20,2 millions d?euros, rien que pour l?aménagement et l?amélioration des six stades d?accueil, n?est qu?un investissement pour l?avenir, puisque la Tunisie est candidate à l?organisation de la Coupe du monde 2010. Un clin d??il qui en dit long sur les ambitions de ce pays qui veut évoluer dans la cour des grands. Malgré une sans cesse augmentation des droits marketing, qui ont atteint cette année 4,1 million d?euros, la CAF devra se contenter de 2 M d?euros après avoir reversé 2,4 M d?euros au pays organisateur et aux pays participants, alors que la Fifa compte tirer un minimum de 1 milliard lors de la prochaine Coupe du monde en Allemagne en 2006. La différence est de taille. Il n?empêche que le plus grand changement pour cette édition est la fin de la belle époque du gratis, puisque le sponsoring de la compétition a été cédé, pour la première fois, à SportFive, le groupe de Jean-Claude Darmon qui aurait déboursé 6,5 M d?euros, dont 60 % pour les seuls droits télé. D?ailleurs, SportFive a rétrocédé une partie de la commercialisation des droits à des chaînes chargées de les revendre à plusieurs pays en fonction de leur zone de couverture. Ainsi, ART, pour une diffusion en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, La Cellule 2 (LC 2), la chaîne privée béninoise que dirige le magnat Christian Enock Lagnidé, pour l?Afrique subsaharienne, M?Net pour l?Afrique du Sud, Eurosport et la BBCn pour l?Europe, et TV5, dans le monde entier sauf la France, la Belgique et la Suisse, ont réussi à remporter l?appel d?offres de SportFive. Cette nouvelle donne a créé des tensions et de grosses surenchères à cause des centaines de milliers de dollars exigés par ces chaînes pour la retransmission. A titre d?exemple, LC 2 aurait déboursé 8,5 M d?euros pour décrocher un contrat d?exclusivité jusqu?en 2008, comprenant les prochaines éditions de la CAN, mais également la Champion?s League africaine. Ce qui explique les difficultés qu?a eues l?Entv pour négocier un bon contrat avec ART, qui avait non seulement demandé des sommes exorbitantes, mais aussi exigé que les rencontres soient retransmises avec deux bonnes heures de décalage. La télévision algérienne a dû recourir directement à SportFive pour la retransmission de l?édition de 2004, mais en langue? française. Toujours est-il, l?audience de la CAN est en hausse puisqu?elle est passée de 110 pays lors de l?édition précédente, au Mali en 2002, à 150 pour 2004, soit un chiffre prévisionnel de 1,2 milliard de téléspectateurs en audience cumulée, avec une tendance plus prononcée pour les pays asiatiques. En plus des télévisions, les partenaires commerciaux internationaux (sponsors) devraient amener, selon les organisateurs, près de 3 M d?euros en échange de publicité sur différents supports (panneaux dans les stades, bilboards télévisés, ?). Parmi les partenaires que sont Toyota, Pepsi, Coca Cola (dont c?est le retour depuis l?édition de 1996), la Western Union Bank, Henkel, les Fromageries Bel et les pays candidats au Mondial 2010 (Maroc, Egypte essentiellement), le fabricant finlandais de téléphones portables Nokia est le sponsor majeur de l?édition 2004, d?où le nom de «Nokia African Cup of Nations in Tunisia 2004» que la CAF a eu du mal à accepter. Par ailleurs, les partenaires tunisiens (comme Tunisiana, Tunisair, Sabrine, Biat, etc.) rapportent, pour leur part, 15 % des recettes (soit 1,2 M d?euros) alors que le Cocan table sur la billetterie dont la part se situerait autour de 40 % (3,2 M d?euros). A condition bien sûr que l?équipe tunisienne aille le plus loin possible, au moins en finale, dans cette compétition. Slim Chiboub, président du Cocan, se frotte déjà les mains d?avoir misé sur les matches de l?Algérie à Sousse qui ont fait le plein jusqu?ici et qui risquent d?engranger de nouvelles recettes avec le passage des Verts au second tour et de la Tunisie qui est en quarts de finale, ce qui devrait réduire le déficit de 10 % estimé au départ de cette CAN 2004.