Résumé de la 4e partie n Le jour où la municipalité décide de placer des balançoires dans son quartier, qui manque de tout, Carolina Maria de Jésus fait la rencontre de journalistes... Peu après Audalio Dantas a en main les liasses sommairement attachées de papiers de toutes sortes : feuilles d'emballage maculées, versos de lettre ou de prospectus écrits de l'autre côté, papier cadeau, etc., qui constituent le journal intime de Carolina Maria de Jésus. Celle-ci s'étonne de le voir lire avec tant d'attention. — Cela vous intéresse ? — C'est prodigieux ! Jamais on n'avait parlé de ces choses-là. En tout cas, pas de cette manière. Je peux l'emporter ? — Pour quoi faire ? — Je vais en publier une partie dans mon journal et je vous trouverai un éditeur. Audalio Dantas quitte la favela de Canindé avec les feuillets sous le bras, laissant Carolina incrédule, mais il ne plaisante pas. Quelques jours plus tard, un extrait de son journal intime paraît en première page du Folhas de São Paulo et, avant la fin de l'année 1959 il lui a trouvé un éditeur. Le livre, qui paraît sous le titre Quartier du désespoir, connaît un succès prodigieux. C'est la première fois qu'est racontée de l'intérieur, avec des mots souvent maladroits mais criants de vérité, la vie d'une favela. Le premier tirage de dix mille exemplaires est épuisé en une semaine, dans la seule ville de São Paulo. On en est bientôt à cent mille exemplaires et les ventes continuent. Une séance de dédicace est organisée chez l'éditeur. Carolina, mal à l'aise dans sa robe blanche toute neuve et grimaçant un peu parce que ses souliers lui font mal, signe son ouvrage en présence des journalistes venus de tout le pays. La foule se presse dans une incroyable bousculade. En un après-midi, elle dédicace pas moins de six cents exemplaires. Et elle aurait pu en signer beaucoup plus, si elle n'avait cessé de poser des questions aux acheteurs, leur demandant dans quel quartier ils habitent, s'ils aiment leur femme ou leur mari, s'ils ne maudissent pas leurs enfants. Lorsque arrive devant elle un sénateur bien connu, dont le programme est «le peuple avant tout», les flashes des photographes crépitent. Nullement intimidée, Carolina Maria de Jésus lui rédige sa dédicace : «J'espère que vous donnerez aux pauvres ce dont ils ont besoin et que vous cesserez de mettre dans vos poches tous les impôts perçus. Bien sincèrement.» (à suivre...)