Evénement n Un colloque scientifique portant sur l'anthropologie africaine s'est ouvert, hier, à l'auditorium du complexe culturel Laâdi-Flici. La première journée de ce colloque de quatre jours (du 1er au 4 juillet) a été marquée par un hommage rendu aux éminents chercheurs et spécialistes ayant, par leurs recherches, réflexion et méthodologie, marqué, renouvelé et révolutionné l'étude des sciences sociales et de l'anthropologie en particulier. Ainsi, Kojo Opuku Aïdo a évoqué l'anthropologue Jomo Kenyatta (1893-1978) et a rappelé, par la même occasion, sa contribution en matière d'anthropologie. Le qualifiant d'intellectuel et de connaisseur, l'intervenant a fait savoir, à propos de Jomo Kenyatta, que celui-ci «avait utilisé l'anthropologie pour la construction sociale». Il a ajouté : «Contestataire [et révolutionnaire], Jomo Kenyatta a apporté de nouvelles idées dans le domaine de l'anthropologie.» L'intervenant Bouni Djialo Mamadou a brossé le portrait d'un autre anthropologue africain, Ahmadou Hampate Ba, (1900-1991) qui «avait réagi contre des traditions figées», tout comme «il avait contribué au développement de l'anthropologie à la reconnaissance et au renouveau des cultures africaines». Cela ne pouvait se faire que par des recherches en anthropologie sur des bases scientifiques, assurant ainsi une meilleure transmission de l'héritage culturel ancestral. L'intervenant, pour finir, a rappelé que «Ahmadou Hampte Ba tenait compte de l'oralité», qu'il considérait, d'ailleurs, comme processus de revendication et de l'affirmation identitaire africaine. «Il s'est battu pour les langues africaines qui sont les supports des traditions orales», a-t-il souligné. Mourad Yelles, universitaire algérien, a, dans son intervention, évoqué Mouloud Mammeri (1917-1989), écrivain et anthropologue à la fois ( il était directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques). Le communiquant a souligné que Mouloud Mammeri était soucieux de «dépasser les anthropologies instrumentalisées», donc officielles ou «sur mesure». «Il s'opposait aux anthropologies uniformisées», a-t-il ajouté. Et de déclarer : «Il avait une approche critique et constructive de l'anthropologie culturelle et plus particulièrement dans le domaine de la tradition orale». Enfin, la communication de Mme Diop sur l'apport de Cheikh Anta Diop à la connaissance de l'anthropologie de l'Afrique a été lue par Massamba Lamé. Mme Diop a qualifié Anta Diop «d'humanitaire et d'homme de science», précisant que «les vestiges archéologiques, les textes anciens, les parentés linguistiques, culturelles constituent toujours les outils majeurs qui servent à établir une réalité en fait différente de celle que ces chercheurs avaient imaginée». Ainsi, en s'appuyant sur ces données de recherches et ces matériaux de réflexion et ces outils d'analyse, Anta Diop a ouvert la voie à une anthropologie nouvelle et moderne s'assurant et se chargeant de la construction sociale, culturelle, historique, politique et donc identitaire de l'Afrique. Son anthropologie se veut novatrice. Pour conclure, les différents intervenants ont tenu à mettre l'accent sur l'apport extraordinaire de chacun dans le renouveau des sciences sociales et des recherches en matière d'anthropologie. «Les anthropologues ont produit d'une manière créative des idées, des thèses et des outils de travail», ont-ils dit, contribuant ainsi «au développement de l'anthropologie».