Réplique n La morosité pesante qui règne depuis plusieurs années sur le centre de la capitale n'est pas une fatalité. Les témoignages émanant de personnes ayant vécu les années animées d'Alger, évoquent une multitude de raisons. Ils s'accordent à dire que le terrorisme qui a secoué tout le pays, et particulièrement Alger, a eu un effet négatif sur le comportement des Algérois. A l'instar des autres wilayas, la capitale n'a pas été épargnée par les attentats terroristes sanglants, dont les plus récents datent du 11 décembre 2007. «Les habitants ont besoin de temps pour reprendre confiance», estime une dame rencontrée à l'intérieur d'un magasin dont elle semble être la dernière cliente de la journée. Tout en reconnaissant le visage terne de la capitale, elle regrette aussi le temps passé quand «on se promenait dans les ruelles de cette belle ville malgré l'obscurité de la nuit.» Mais cette histoire de terreur pesante engendrée par le terrorisme n'est qu'une idée reçue pour certains. «Cela n'à rien à voir du tout ! Mais cela est dû plutôt à la délinquance qui gangrène le centre de la capitale», nous explique Mehdi qui joue aux dominos avec un groupe d'amis. Il dit que, chaque soir, lui et ses amis se rencontrent au pied de leur immeuble pour faire une partie de dominos et évitent d'aller ailleurs, de peur d'être agressés. Ainsi, l'insécurité sévissant au niveau de certains quartiers est l'une des principales causes qui empêchent les gens de sortir la nuit. «A notre époque, c'était toujours la fête. Il y avait des galas un peu partout, des théâtres, du cinéma… Les gens sortaient pour se promener en famille. Mais, aujourd'hui, la délinquance règne en maître dans plusieurs endroits de la capitale», rétorque Mohamed du haut de ces soixante-cinq ans. Tenant une librairie à la rue Didouche-Mourad, cet homme, un peu fatigué, regrette le temps où Alger «était vraiment une capitale». «J'aime sortir le soir après le dîner pour prendre un thé, discuter avec les amis et me promener un peu, mais quand je réalise le risque que j'encours, je me rétracte et je reste à la maison», affirme, quant à lui, Farouk. «Même dans mon quartier, les jeunes désœuvrés se sont transformés en agresseurs», avoue, pour sa part, un jeune habitant à l'ouest de la capitale qui affirme ne pas pouvoir sortir dans des conditions pareilles. Cependant, d'autres personnes n'admettant pas le problème d'insécurité, pointent plutôt du doigt les commerçants qui ne travaillent pas au-delà de 18 heures. «Dès 17h, les commerçants baissent rideau. Il y a des gens qui aiment faire des achats la nuit, mais ce n'est plus possible ! Ce n'est pas normal pour une capitale !», tonne un autre jeune résidant du côté du boulevard Mohammed-V. Mais cette accusation est balayée d'un revers de la main par les commerçants qui justifient leur décision de fermer la nuit par l'absence totale de clientèle. «Ouvrir une boutique pendant la nuit pour ne rien vendre, ce n'est pas une bonne affaire !», se défend un restaurateur. Pour lui, un commerçant n'ouvre pas juste pour faire plaisir.