Résumé de la 14e partie n Kay Strange essaie d'expliquer à son mari combien il lui ferait plaisir s'il acceptait l'invitation de Shirty sur son yacht... C'est bon, c'est bon, concéda la jeune femme. S'il faut y aller, eh bien, allons-y. Après tout, à sa mort, nous hériterons toute sa fortune. J'imagine bien qu'il est nécessaire de lui lécher un peu les bottes d'ici là. — Il ne s'agit pas de lui lécher les bottes ! fit Neville, agacé. Elle ne peut en aucun cas disposer de cet argent. Sir Matthew ne le lui a laissé qu'en fidéicommis, sa vie durant, et il reviendra ensuite à ma femme et à moi. Il s'agit tout bonnement d'affection. Comment n'arrives-tu pas à comprendre ça ? Kay hésita un peu, avant de reprendre : — C'est vrai que j'ai du mal à comprendre ce genre de choses. Mais si je fais une scène, c'est parce que je sais très bien que, là-bas, c'est tout juste si on me tolère. Ces bonnes femmes ne peuvent pas me voir en peinture ! Elles me détestent ! Lady Tressilian me regarde de haut et me tire un nez long comme ça. Et quand Mary Aldin m'adresse la parole, elle a toujours l'air de parler aux murs. Pour toi, Neville, pas de problème. Tu ne vois même pas ce qui se passe. — Elles m'ont toujours paru courtoises à ton égard. Tu sais d'ailleurs très bien que je n'accepterais pas qu'il en soit autrement. Elle lui lança un regard aigu derrière le rideau de ses cils baissés : — Elles sont courtoises, d'accord. Mais elles connaissent aussi mes points sensibles et ne se privent pas de me planter des banderilles. Pour elles, je ne suis qu'une intruse, et elles ne manquent pas une occasion de me le faire savoir. — Après tout... ça n'a rien d'extraordinaire. La voix de Neville s'était légèrement altérée. Il se leva et alla regarder par la fenêtre, dos tourné à sa femme. — D'accord, ça n'a rien d'extraordinaire, grinça Kay. Elles adoraient Audrey, n'est-ce pas ? Cette chère Audrey, si bon chic bon genre, si froide, si incolore et sans saveur ! Camilla ne m'a pas pardonné d'avoir pris sa place. Neville ne se retourna pas. — Camilla n'est plus toute jeune... Elle a plus de soixante-dix ans, reprit-il d'une voix sans timbre. Sa génération n'apprécie guère le divorce. Compte tenu de la tendresse qu'elle avait pour... pour Audrey, je trouve qu'elle a somme toute très bien accepté la situation. En prononçant le prénom de sa première femme, Neville avait bien failli déraper. — Elles estiment que tu t'es mal conduit à son égard. — C'est d'ailleurs exact, marmonna-t-il à voix très basse. Mais elle l'entendit. — Oh, Neville, voyons... Ne sois pas stupide ! Ce n'est pas parce que Audrey a décidé d'en faire tout un plat que... — Elle n'en a pas fait tout un plat. Ça n'a jamais été son genre. — Tu sais parfaitement à quoi je fais allusion. Elle s'est exilée, elle a fait une dépression, elle est allée promener partout son cœur en bandoulière. C'est ça que j'appelle en faire tout un plat ! Audrey n'a rien d'une bonne joueuse. A mon avis, quand une femme n'est pas capable de retenir son mari, elle doit avoir l'élégance de lui lâcher les basques ! Vous n'aviez rien en commun. (à suivre...)