Résumé de la 60e partie n Mary découvre en Ted un être blessé, amoureux de Kay… Elle soupira, lentement, comme si elle venait de faire une découverte. — Je vois. Vous ne nous aimez pas. Ted Latimer eut un rire bref. — Vous vous attendiez à ce que je le fasse ? — J'ai l'impression que oui. Mais j'ai sans doute trop tendance à tenir les choses pour acquises. Il me faut être plus humble Oui, je n'aurais jamais imaginé que vous puissiez ne pas nous aimer. Nous avons essayé de vous faire bon accueil en tant qu'ami de Kay. — Ouais en tant qu'ami de Kay ! cracha-t-il, venimeux. Désarmante de sincérité, Mary reprit : — Je voudrais... je voudrais vraiment que vous me disiez pourquoi vous nous détestez. Que vous avons-nous fait ? Quels sont nos torts ? — Votre suffisance ! martela-t-il. — Notre suffisance ? Le mot l'avait heurtée, mais elle tenait à faire preuve d'objectivité : — Oui, j'admets que nous puissions paraître suffisants. — Vous l'êtes. Jouir de vos privilèges vous paraît aller de soi. Sûrs de votre bienheureuse supériorité, vous vivez dans votre petit enclos, à l'écart du reste du troupeau. Pour vous, les gens comme moi ne sont que des bêtes fauves plus ou moins exotiques ! — Encore une fois, vous me voyez navrée. — J'ai raison ou pas ? — Non, non, pas du tout. Nous sommes stupides, peut-être, et nous manquons d'imagination. Mais nous ne sommes pas malveillants. Je suis moi-même assez conventionnelle et, en apparence, ce que vous qualifiez de suffisante. Mais au fond de moi, voyez-vous, je suis très humaine. En cet instant précis, je suis désolée parce que je vous vois malheureux, et que je voudrais pouvoir y remédier. — Eh bien... si c'est le cas... c'est très gentil à vous. Il y eut un silence, puis Mary demanda avec douceur : — Vous avez toujours été amoureux de Kay ? — Très amoureux. — Et elle ? — Je le croyais. Jusqu'au jour où Strange a fait son apparition. — Et vous l'aimez toujours ? — J'aurais cru que cela se voyait. Nouveau silence. Mary esquissa un sourire. — Ne feriez-vous pas mieux de partir d'ici ? suggéra-t-elle. — Pourquoi partirais-je ? — Parce que vous n'avez ici que des raisons de vous rendre encore plus malheureux. Il la fixa et éclata de rire. — Vous êtes trop mignonne. Et vous ignorez tout des fauves qui rôdent autour de votre petit enclos. Des tas de choses peuvent arriver, dans un proche avenir. — Quelle sorte de choses, je vous prie ? Il rit encore. — Vous verrez bien. Après s'être rhabillée, Audrey avait pris le bord de la plage et louvoyé parmi les éboulis de roches pour rejoindre Thomas Royde qui fumait sa pipe face à la Pointe-aux-Mouettes et à la demeure qui s'y dressait, blanche et sereine, sur la rive opposée. (à suivre...)