Anarchie, saleté, commerce informel… et la liste est longue pour décrire l'état des lieux de nos marchés de gros de fruits et légumes. Une situation qui, au final, ne manque pas de se répercuter sur le consommateur, la chaîne des prix n'étant absolument pas respectée. Dans la plupart des marchés de gros des fruits et légumes que nous avons visités, les commerçants nous ont expliqué que le manque d'organisation et de contrôle a conduit à une anarchie totale au sein des marchés. Des fellahs vendent leurs marchandises à l'intérieur des marchés alors qu'ils sont censés les déposer chez les mandataires qui, eux, se chargent de la distribution. Des centaines de commerçants informels étalent leurs marchandises à proximité des marchés et, ne pouvant plus faire face, des dizaines de mandataires ont été obligés de fermer leurs carreaux. Les nombreux commerçants que nous avons rencontrés au marché de Bougara dans la wilaya de Blida, estiment que l'Etat contrôle les commerçants exerçant légalement, alors que les commerçants informels qui n'ont pas de registre du commerce, ne sont guère inquiétés. «Les contrôleurs viennent chez nous et nous demandent les factures et le registre du commerce, alors qu'ils ignorent les commerçants informels qui sont, pourtant, à proximité du marché», nous dit un commerçant. Si au marché de Bougara les commerçants informels sont à l'extérieur du marché, au marché de Khemis El-Khechna les fellahs étalent leurs marchandises à l'intérieur du marché, à proximité des carreaux réservés aux mandataires. Nous nous sommes rapprochés d'un fellah, qui vendait des pommes de terre et des oignons, il nous a expliqué qu'il n'y avait pas de contrôle et qu'une anarchie totale règne au marché. Donc au lieu de vendre sa marchandise aux mandataires, il préfère la vendre lui-même car cela lui permettra de gagner beaucoup plus d'argent. «J'arrive au marché vers 5 heures du matin, je paye mes droits d'entrée, et je vends ma marchandise au même prix que le mandataire», nous dit-il tout en reconnaissant que «normalement les fellahs doivent déposer leurs marchandises chez le mandataire». Un autre commerçant que nous avons rencontré au marché de Khemis El-Khechna, nous a expliqué qu'il y a certains fellahs qui déposent leurs marchandises chez le mandataire, mais ils sont rares car la plupart préfèrent vendre eux-mêmes leurs produits. S'agissant du contrôle, un commerçant estime qu'il n'est pas possible de contrôler un marché qui est ouvert de 3 heures du matin jusqu'à minuit. «C'est l'anarchie totale, il n'y a pas d'organisation à tous les niveaux dans ce marché, les fellahs vendent leurs produits et personne ne les en empêche, et cela se répercute négativement sur le mandataire et le consommateur», nous dit-il. En outre, on nous a affirmé que les propriétaires des carreaux incendiés en 2007 n'ont pas été remboursés à ce jour et ce, malgré la disponibilité de nouveaux carreaux non encore distribués. «A chaque fois, on nous promet de les distribuer, mais rien n'est fait à ce jour» affirme un commerçant.